Le foot 2
La seconde aventure due au foot était tout le contraire de la première. Mais elle était tout aussi inattendue. C'était samedi, le dernier jour du festival. Après une prestation relativement matinale, nous avons joué vers 11h devant un petit centre commercial dans une municipalité voisine, après un bon repas nous avons profité d'une après midi de quiétude, relax dans notre gîte, à attendre le soir, pour une dernière prestation pour la clôture du festival. Cette fois-ci, ce sont les grands qui sont partis prendre une douche, après m'en avoir demandé la permission. Pas de problème, mais après un petit laps de temps, j´ai préféré quand même envoyer Johann les rejoindre, on ne sait jamais. De nouveau, un laps de temps passe, plus long que le premier, et nos adeptes des bains douches ne sont toujours pas là, pas plus que Johann. Bon, j´y vais de ce pas, voir si tout va bien, s´il n´y a pas encore une méprise internationale en train de se fomenter. Arrivant au stade, je vérifie d´abord les douches vestiaires. Rien à signaler de ce côté, les locaux sont parfaitement vides. Alors je vais jeter un coup d´ œil sur la pelouse du stade, et un tableau assez surprenant s'offre à mes yeux. Deux équipes s'affrontent dans un duel sans merci, mais correct quand même, très fair play, sous un soleil tapant comme à midi, même s'il était déjà bien autour des 15, 16 heures. La première équipe, constituée d´une demi douzaine de jeunes français de toutes origines, parfaitement équipés, maillots et shorts réglementaires, et bien sûr, des chaussures de foot à crampons de dernier cri. Les français avaient visiblement l´avantage, mais étaient bons joueurs et laissaient les autres aussi toucher le ballon de temps en temps et même marquer quelques buts. Les autres, vous avez compris, c´étaient les nôtres, étaient en slips, pieds nus ou en chaussettes, et n´avaient rien de réglementaire pour le moins du monde. Il va sans dire que ni les slips ni les chaussettes n´étaient assorties comme les maillots de leurs collègues français. Mais cela ne les empêchait pas de jouer avec un entrain et fougue qui leur faisait tout honneur, on aurait dit qu'ils sont sur scène à déverser du pur Kesaj archi dynamique et énergique. Johann faisait office d´arbitre et joueur simmultanément. Ce qui était formidable, c'est que même les infirmes notoires, comme Jakub, qui avait régulièrement des souffles au coeur, ou Roman, qui souffrait d'une malformation à la hanche de naissance, couraient et dribblaient comme des champions, Messi, Pelé, Zidane confondus... C'était du sérieux, le score était constamment très serré, et malgré le temps qui venait à manquer, on jouait sans arrêt les prolongations. J ́ai apporté un bac de boissons pour tout le monde, pour qu´il ne tombent pas comme des mouches sous ce soleil de plomb, mais visiblement, ils tenaient tous une forme d ́enfer, qui aurait dit qu ́a la maison ils ne décollent pas de devant la télé, et qu´ils ne peuvent pas rester 5 minutes sans allumer une clope (quand ils en ont...). A un moment le capitaine de l´équipe de France a montré une coupe, une vraie, toute dorée, et a dit que ce serait la récompense pour les vainqueurs. Ils n´en fallait pas plus aux nôtres pour que des ailes leurs poussent, et dans leurs slips et chaussettes ils accomplissaient de véritables prouesses, dignes des pros internationaux. N'arrivant pas à se départager, le score toujours aussi serré, le spectacle du soir risquait d'être compromis, je suis intervenu en annonçant que celui qui marquerait le prochain but, serait le vainqueur et partirait avec la magnifique coupe. La, c´était évident, que les français ont laissé nos gars marquer, mais sans que cela se voit trop, et il y a eu une remise de la coupe triomphale, et un retour au gîte non moins triomphal, en chantant, la coupe brandie haut au-dessus de la tête. Du jamais vu. L´équipe Kesaj, de Rakúsy et Veľká Lomnica a remporté la Coupe du Monde ! Le triomphe! La gloire ! La joie ! La joie partagé par tout le groupe, incrédule de voir débarquer leurs potes en slips, brandissant une vraie coupe, qui ́ils m'ont, tout fiers, tout de suite remise dans les mains, pour la photo, et pour que je la mette bien en vitrine au bureau de la salle de répétitions, une fois rentrés chez nous.
Je ne connais pas les dessous de cette histoire incroyable. Rien n´était prévu, ni convenu. Les jeunes joueurs français ne pouvaient pas savoir qu ́ils allaient rencontrer de parfaits inconnus en slips et en chaussettes, qui ont rampé sous le grillage du terrain de foot (qui était fermé) pour se taper un match ensemble, qu ́ils allaient les laisser gagner, et qu ́ils allaient leurs offrir cette coupe incroyable ! Cette histoire, je l´ai raconté à Hervé, c´était un magnifique cadeau pour la dernière soirée du festival. Et chapeau aux jeunes joueurs de foot francais !