Épilogue
Une dispute est survenue dans un couple, durant laquelle l'homme exigeait de sa partenaire qu´elle boive de l'alcool avec lui. La police a mis en accusation un homme de 31 ans du village de Batizovce, dans la région des Tatras, son épouse a refusé de boire avec lui, il a jeté une hache sur elle. L'incident est survenu le lundi 18.12. après minuit, selon les informations de la police départementale.
Une dispute est survenue entre les partenaires, durant laquelle l'homme exigeait de sa partenaire qu´elle boive de l'alcool avec lui. „Il l'a menacé, que si elle ne l'écoute pas, il lui le verserait sur la tête. Ensuite il a mis de la musique fort et a commencé à chanter dans un micro. Cela n´a pas plu à la femme, elle voulait qu´il arrête avec ca. Cela a mis en colère l´homme, qui a lancé une hache sur elle,“ a précisé la porte parole de la police. La femme, craignant pour sa vie et sa santé, s´est enfuie et a appelé la police.
La police régionale a accusée l´homme de Batizovce du délit de menaces dangereuses.
Voilà une histoire banale, qui pourrait être presque drôle, si elle n'était pas vraie. Ce petit compte rendu de la police régionale relate le quotidien des osada, très nombreuses dans notre région. Le département de Kežmarok a la plus forte densité de la population rom au niveau de la République Slovaque. Dans de très nombreuses localités les Roms sont majoritaires, souvent même une majorité exclusive, il n'y a personne à part eux, les Slovaques ont préféré partir. Bien sûr, ce genre d'histoires n'a pas lieu au quotidien, mais on peut parler de fréquence hebdomadaire sans exagérer, on serait même en dessous de la norme. Nous en savons quelque chose, nos jeunes nous relatent ces excès, comme si rien n'était. La veille du Réveillon un adulte d'une trentaine d'années a vidé une bouteille de vodka cul sec, il est tombé raid mort dans la seconde qui a suivie. Le mois passé un bébé de quelques mois est mort dans les bras de sa mère, son père voulait frapper celle-ci, et c'est l'enfant qui en a fait les frais. Des bagarres entre les familles sont au menu presque quotidiennement, il n'est pas rare que les protagonistes finissent à l´hôpital et sous les verrous.
Cette violence, omniprésente, nous la sentons aussi chez nos jeunes. Les bagarres, surtout entre les jeunes de différents bidonvilles peuvent éclater à tout moment. Un de nos problèmes logistiques est de gérer le retour des jeunes qui rentrent de la répétition à leurs osadas respectives. Lorsqu'ils viennent en répétition, ils arrivent en décalé, leurs transports en commun, le bus pour Rakúsy, et le train pour Lomnica, ont des arrivées à Kežmarok un peu différées, donc les jeunes ne se croisent pas en arrivant. Par contre, une fois la répétition finie, ils doivent rentrer et faire quelque 200 - 300 mètres plus ou moins ensemble. Et là, tout peut arriver. Ils ont eu beau de passer un moment très intense ensemble en répétition, comme les meilleurs copains du monde, il suffit d'une babiole pour que la moutarde monte, et tout de suite on fait référence à la famille, aux cousins, parents, prêts à venir en découdre si on les appelle. On ne peut pas négliger ces moments à hauts risques, plus d'une fois nous étions, Helena et moi, obligés de leur courir après, et de calmer les têtes brûlées sur place. Et calmer, non seulement par le verbe, mais en s'interposant manu militari entre les bagarreurs.
Cette différenciation géographique, le local-patriotisme effréné envers son lieu d'origine, est une composante très forte de la personnalité des jeunes des osadas. Même lorsqu ́ils se connaissent depuis des années en venant à nos répétitions, qui de plus est, en passant des semaines et des mois ensemble en tournées a l´étranger, lorsque vraiment un esprit de corps, de famille se forme, les antagonismes sont toujours latents, et les animosités prêtes à ressurgir à tout moment. Ne reste qu'à surveiller de près, et à veiller au grain...