automne 2010
FRANCE
Semur en Auxois – interventions scolaires, 17.11.2010
Semur en Auxois – spectacle tout public, 17.11.2010
Saulieu – Interventions scolaire, classe danse, Lycé et collége agricole, 18.11.2010
Saulieu – Spectacle tout public, Espace Jean Bertin, 18.11.2010
Saulieu – réception à la Mairie, 19.11.2010
Blois – Festival BD Boum, tirè à part des Aventures d’Alain, 19.11.2010
Blois – Festival BD Boum, rencontre avec Emmanuel Guibert, 20.11.2010
Saint Denis – résidence au 6B, 20- 26 novembre 2010
Clamart – interventions scolaires, Ecole Léopold Senghor, 25.11.2010
Saint Denis – Festival Interbidonvilles Européen „Akana amen“, 26.11.2010
BELGIQUE
Gent – workshop danse tsigane, De Centrale, 27.11.2010
Gent – Way 2 Roma Festival, De Centrale, 28.11. 2010
Finalement, bien qu’on n’en ait pas beaucoup parlé, le plus gros point positif de ces derniers temps a été que la famille de Matej ne s’est pas fait expulser de son logement dans ce qui reste du petit bâtiment HLM de deux étages qui orne l’entrée du bidonville de Velká Lomnica. En effet, l’année dernière nous avons découvert lors d’un passage inopiné au bureau municipal du village que leur loyer n’est plus payé depuis dix ans, et même à hauteur de quelques 3 – 4 euros par mois, à la longue ça finit par s’accumuler… Quelle fut notre stupéfaction mutuelle avec la préposée – pour elle que nous n’allons pas régler cet arriéré à leur place comme ils le proclamaient à tout va, et nous, de nous voir désignés comme payeurs universels des impayés de la famille de Matej. Après quelques émotions et frayeurs de voir la petite tribu à la porte de leur grotte HLM, mais surtout de voir placés les petits à l’orphelinat s’ils n’ont plus d’un semblant de toit au dessus de leurs petites têtes coloriées en blond, de familles ultra nombreuses, finalement tout s’est tassé, et nous pouvons constater que l’hiver est là, et nos bambins sont toujours logés – mal logés, mais c’est mieux que pas logés du tout (... « sur les murs, seule décoration : photos de Kesaj Tchave », Nouvelles d’Alain, E. Guibert, XXI).
C’est sûr, des périodes de hauts et de bas se succèdent. Au retour de la tournée d’été, qui était sensiblement plus courte que les autres années, c’était de nouveau « la dèche »… Certains des colonies n’avaient carrément plus de quoi manger. Moi, j’étais en France, Heléne n’avait pas un sous non plus, alors Stano allait, la nuit, voler des restes de patates dans les champs avoisinants pour que les petits aient quelque chose à se mettre sous la dent… Heureusement, ces extrêmes ne duraient pas trop longtemps et des périodes plus clémentes sont revenues, durant les quelles soit nous pouvions les aider un peu pour éviter la faim, et le ramassage de la ferraille par tous ceux qui ont des jambes pour marcher et des bras pour porter, pouvait aussi apporter une solution au jour le jour. Et puis le coup de baguette magique – le film ! Tourné en automne, nous y avons fait participer le maximum de monde, il a apporté une sérieuse amélioration au quotidien. Déjà par un catering solide lors de tous les jours de tournage pour remplir les estomacs vides et aussi une rémunération digne des « stars ».
Donc, l’habitude de notre sillage de productions devenant partie de notre quotidien, nous repartons pour une petite tournée d’automne. Au départ tout était « nickel », les dates des spectacles bien calées, mais un mois avant le départ deux étapes importantes du milieu de la tournée ont étés annulées – ou mieux, reportées à une date ultérieure, et nous nous sommes retrouvés avec un très bon début – le festival BD Boum de Blois et Saulieu et une très bonne fin – la Belgique… et au milieu un trou béant d’une semaine à meubler dans la région parisienne avec 30 mômes et un seul spectacle dans une école à Clamart. Sans hébergement ni restauration… Il était hors question de se désister à Blois, Emmanuel et Alain avaient préparés ce coup depuis fort longtemps et ça en valait vraiment la peine, une telle chance ne se présente pas tous les jours – un tiré à part des « Nouvelles d’Alain » consacré à nos aventures, allait même être édité à cette occasion et nous serrons les invités d’honneur du festival.
Donc nous sommes partis sur la route en ayant juste trois jours d’assurés devant nous, en espérant une réponse positive de la municipalité de Montreuil pour l’hébergement au gymnase, et peut être encore un spectacle à la dernière minute, comme les fois précédentes. Oui, nous en sommes à espérer des miracles en dernière instance, qui nous apporteraient un mieux à tous, sous la forme de cachets supplémentaires qui constitueraient de quoi avoir un peu sous à ramener à la maison et pouvoir affronter l’avenir immédiat un peu plus sereinement. En effet, et c’est déjà formidable, nous arrivons à ne pas perdre de l’argent lors de nos dernières tournées (il y a toujours une ardoise sur l’été 2009…), mais pas plus que ça. Si nous parvenions à dégager un léger bénéfice, cela constituerait de quoi améliorer le quotidien de toute la tribu au retour, et pour cela il nous faudrait ces fameux deux ou trois spectacles de plus, et qui viennent encore une fois de plus de tomber à l’eau avec le désistement d’il y a un mois. Bon, nous n’en sommes pas là, pour l’instant on a de l’hébergement juste pour trois jours, et après... Il y a bien une autre piste du côté de Saint Denis, mais sans nouvelles pour l’instant.
Nous sommes sujets toujours aux mêmes incertitudes de participation avant le départ. Stano a manifestement un problème avec Lomnica, c’est dommage, cela influe sur les rapports et sur le travail avec les petits. Mais on n’insiste pas plus que ça, et finalement tout le monde est là. Une heure avant de monter dans le bus je vais chercher Irena et Stela à Kubachy. Finalement, Zuzka, une petite nouvelle, vient aussi. Pourquoi pas. Irena n’a pas de papiers. Elle a laissée sa carte d’identité en gage à un chauffeur de taxi pour une course salée qu’elle ne pouvait pas régler, et depuis, elle n’arrive pas à le retrouver… On prend le risque de l’embarquer avec nous en toute clandestinité, ses talents de comique troupier infatigable compensant les émotions fortes dues à l’illégalité lors des passages des frontières. Nous sommes enfin tous près du bus sur le parking du super marché en face de chez nous. C’est plutôt folklo… La moitié de la horde de Kubachy a surgie on ne sait d’où pour des adieux aussi déchirants que délirants. Il y en a qui viennent juste d’interrompre leur tournée de poubelles, et ça se sent. Le petit copain d’Irina, un jeune SDF tchèque est un peu trop démonstratif – que je t’aime, que je te tape, mais il en faut plus à Irena pour s’émouvoir sur son sort, elle le remet dans le droit chemin vite fait, c’est du grand amour à coup de mandales bien placées. La mère de la petite Zuzka, qui est là vraiment que pour occuper une place vacante, en chant, ni danse, elle n’en touche pas une, mais ce n’est pas grave, elle fondera dans la masse… Mais sa mère donc, non contente qu’on prenne sa fille juste comme ça, elle n’arrête pas de tapoter à la fenêtre de ma voiture, avec un bon coup dans le pif, pour me réclamer un euro pour rentrer en bus, bien que c’est elle qui ait insisté auparavant pour que je l’amène avec les filles au car. Je n’ai pas de monnaie, elle s’énerve, comment qu’elle va rentrer maintenant, ça gueule de tous les côtés, tout le monde est excité, le petit copain d’Irena veut partir avec nous, on fait un bon spectacle d’une troupe de pirates tsiganes à l’abordage, juste à ce moment j’ai un coup de fil de France, et la voix douce et désespérée de Yannick, notre contact de Saulieu, m’annonce que le premier spectacle (du lendemain) est annulé faute de moyens. Tout en recevant une volée d’invectives de la mère de Zuzka, qui à part ça est une brave dame toute gentille lorsqu’elle n’est pas bourrée, mais là, ce n’est pas le cas, plutôt le contraire, j’essaie de raisonner Yannick, que je ne connais pas, mais que je devine fortement contrarié et embêté par ce qu’il doit m’annoncer. Il est impensable que l’on ne parte pas tout de suite. Au contraire, il faut absolument que tout le monde monte sur le champ dans le bus, que celui-ci démarre, et que l’on s’en aille, n’importe où, l’essentiel est que l’on quitte ce parking avec la moitié du bidonville en transe de Noël (la déco des Fêtes vient d’être installée), il faut que je réussisse à me déscotcher de la mère de Zuzka, il faut que l’on réussisse à ne pas embarquer le petit copain d’Irena, pas plus que Matej et Kubo qui pleurent parce qu’ils ne peuvent pas venir à cause de trop d’absences à l’école pour le tournage du film. Donc je réussis à fermer les vitres de ma voiture, et très calmement, posément et sans précipitation, dans le brouhaha ambiant j’explique à Yannick que ce n’est vraiment pas grave si les conditions d’accueil ne sont pas au top, nous nous adapterons, nous pourrons être réglés plus tard, mais il est impensable de différer le départ - soit on part sur le champ ou jamais… Yannick a l’air de comprendre, il acquiesce, je siffle un bon coup, on ferme les portes, à part Irena il n’y a pas de clandestins, pas de surnombre, on part. Il est aux alentours de 18h, dans le car tout le monde est affamé, heureusement on a pu faire des sandwichs avec du saucisson bon marché, la troupe Kesaj Tchave dormira rassasiée la première nuit du voyage. Ça roule. Lors d’une halte casse-croûte-pipi à la frontière franco-allemande nous sommes arrêtés par une patrouille mobile de la police. Émotions garanties à cause d’Irena, qui malgré le fait qu’elle n’a pas de papiers, émerge de loin au milieu de tous à cause de sa tenue vestimentaire tout droit sortie du grand escalier du Moulin Rouge, mais nous nous chopons juste une amende car nous n’avons pas de vignette d’autoroute. Il en en faut une pour les cars, cela fait vingt fois que l’on passe sans, alors même avec la contravention ce n’est pas cher payé. L’essentiel est qu’ils n’ont pas contrôlé les papiers, et après ce péage imprévu nous sommes vraiment sans un sous en poche.
Heureusement on a fait le plein avant de partir et il y a de quoi arriver jusqu’à Semur, où nous arrivons le lendemain et nous constatons qu’effectivement il y a eu des ratés au niveau de l’organisation. Mais une Bernadette super efficace a prise les choses en main pratiquement au moment de notre départ mouvementé, et a réussie la prouesse de nous loger, nourrir et programmer à la dernière minute dans des conditions plus qu’honorables. Il y a eu de très bons moments d’échanges au spectacle, à l’école, au collège. Pareil à Saulieu, où c’était déjà Yannick qui a pris le relais avec son équipe et nous sommes traités comme des stars. Le seul regret est de ne pas pouvoir rester plus longtemps. Le jour du départ nous sommes reçus à la Mairie avec la remise d’un petit souvenir, et le hasard a voulu qu’à la sortie de la ville deux gendarmes à moto nous interceptent (décidément, ça fait une moyenne d’un contrôle un jour sur deux…), mais la présence d’un membre du conseil municipal a dissipé tout malentendu sur les déambulations de cette troupe bigarrée, se promenant en chantant sans raison apparente sur les petites routes du Morvan…
Au festival BD Boum de Blois ça va encore en crescendo. Fidèles à nous-mêmes, nous nous débrouillons pour que Misa et Coralie puissent venir aussi, avec une douzaine de jeunes du 93. Donc finalement, c’est presque 50 au lieu des 30 prévus, que nous nous retrouvons sur la scène du Chato d’O. Super! Les organisateurs nous suivent. Excellentes conditions techniques. Un public de BD, éclectique, enthousiasmé par notre performance. Nos fidèles Cluzels et Yepce ont fait le déplacement, de même que Joëlle de Vercors et sa petite bande sont venus à Semur. Supportés ainsi, nous ne pouvons que nous surpasser, et le spectacle est « colossal ». Le public, debout pendant les deux heures du concert (il n’y a pas de sièges) suit tout le spectacle sans une seconde de relâchement, à fond avec nous. Cela confirme encore une fois de plus si besoin en était, qu’avec de bons moyens techniques nous sommes à même de nous produire aussi devant des parterres de spectateurs plus versés dans les musiques « actuelles », ne craignant pas le gros son et effets de lumières et fumigènes… J’étais particulièrement content pour Emmanuel, qui ébahi par tant de dynamique et d’émotion, assistait, émerveillé, dans un coin à tout cela. Bien qu’il nous ait croqués en dessin sous toutes les coutures dans sa BD, il ne nous a jamais vu en vrai auparavant, et cela ne pouvais pas mieux tomber pour une première. Le docu de Bielka, projeté juste avant le spectacle a été tout à fait pertinent, sans parler du tiré à part des « Nouvelles d’Alain » qui partaient comme des bouchées de pain… On rentre tard, après minuit et grâce à une porte d’entrée donnant sur la cour du Foyer des Travailleurs nous nous débrouillons sans problèmes pour coucher à 50 où c’était prévu pour 30. Colette, en tant que co-héroïne de la BD avec nous a été aussi invitée au festival. Elle a hélas, une mauvaise nouvelle pour nous. Cette fois-ci le gymnase de Montreuil ne peut pas nous accueillir. C’est pas génial. S’il n’y avait pas le festival de Gent, en Belgique, dans une semaine, on serait rentrés de suite. Et vu les circonstances, j’y songe sérieusement. Passer 2, voir 3 nuits éparpillés au cirque, chez des amis, chez moi, oui, mais pas une semaine entière! C’est intenable. Alors, il ne reste qu’à annuler la Belgique et rebrousser chemin. Au plus fort de mes réflexions, alors que je veux en informer les chauffeurs, Coralie m’apprend que le 6B peut nous accueillir… Ce ne sont que des bureaux vides, mais c’est propre et c’est chaud. Des matelas, on en trouvera… Ils peuvent même assurer la restauration en la personne de Vérona, la femme de Misa, qui nous fera les repas de midi à raison de 3 eu par personne. Et on paiera quand on pourra… Bon, si ce n’est pas du miracle, ça! Heureusement qu’on s’appelle Kesaj Tchave… Donc de nouveau cap sur Paris. Plus précisément Quai de Seine à Saint Denis. Après avoir fait un tour au festival, où nous découvrons le monde de la BD et ses auteurs, nous faisons nos adieux à Emmanuel Guibert et aux organisateurs et nous filons avec un repas offert en prime et un trésor constitué par une pile des tirés à part de notre BD.
Le plus dur avec le 6B, c’est de le trouver… Même avec le GPS ça relève de la prouesse, vu tous les travaux en cours. Mais nous y sommes déjà allés et perdus, donc on y arrive. C’est un immeuble vacant de 6 étages de bureaux, dont la moitié vides, géré par une assoc, qui en loue certains pour pouvoir mettre le reste à disposition pour des activités de créations quelque peu alternatives au premier abord. Nous y recevoir est une gageure, mais nous sentons que c’est une volonté forte et unanime de la part de tous nos hôtes, afin que nous puissions investir ces lieux, non destinés à cet usage initialement. On réussi à trouver une quinzaine de matelas d’origines diverses pour coucher dessus la trentaine que nous sommes et nous prenons possession des lieux. Qui sont assez incroyables et nous mènent de surprise en surprise. Il y a une salle de danse spéciale avec un sol fait de balles de ping-pong. Une salle de cinéma, une cuisine pro, un jaccouzy, et plein d’autres espaces et tout cela à notre disposition. Heureusement que les mômes n’ont pas découverts le jaccouzy – il est dehors, et il fait quand même un peu froid, mais le reste nous est bien utile. On prend petit à petit nos habitudes en ces lieux et nous aussi, nous les marquons de notre présence. A trente, impossible de faire autrement. Mais tout se passe bien, dans une découverte mutuelle décontracté. Le seul hic, est que tout est fait à la va-vite, tous ne sont pas prévenus de notre arrivée, et le lendemain matin au petit déjeuner les jeunes descendent, en me disant qu’il y a un gars bizarre là haut (nous dormons au 5e étage) qui veut nous mettre dehors. Je monte en vitesse, et effectivement le type en question m’apprend qu’il est le responsable de la partie de l’immeuble où nous nous trouvons et qu’il vient d’appeler la police pour effraction et occupation illicite des lieux. Les flics sont en route. Restons calmes. J’essaie de lui démontrer que je n’ai pas le profil d’un casseur, mais il est imperturbable, un vrai incorruptible, investi de sa mission… Heureusement que Pierre, qui nous a fait entrer la veille, m’a laissé sa carte, je réussi à l’appeler et à lui passer le justicier en délire. Après une longue explication, le gars fait marche arrière et rappelle le commissariat pour stopper l’action. Ouf! Je voulais déjà évacuer Irena qui est toujours sans papiers et Stefan qui a du perdre les siens en route. Sacrées émotions… Finalement le séjour se passe très bien. C’est une découverte mutuelle enrichissante. Avec ce que nous mijote Verona tous les midis, il y a de quoi assurer aussi le soir, restent juste les petit-déj, mais vu les heures tardives des sauts de matelas, on s’en sort au niveau nourriture (bien qu’il y ait, comme à l’accoutumée, des rattrapages nutritionnels nocturnes permanents).
Après les trois premières journées de la tournée hyper-intenses, très chargées, pratiquement sans répit, avec de nombreuses interventions et spectacles performants, nous profitons des premiers jours au 6B pour nous reposer et récupérer au maximum. Pour une fois, l’absence des tout petits est un avantage. Les Tomas, Domino et Eric sont quand même plus autonomes que Matej et Kubo qu’on a laissé au pays, et tout le groupe est dans une autogestion satisfaisante, qui me permet de courir à droite et à gauche pour des problèmes divers et donne à Heléne du temps pour se consacrer à sa licence de romistique, qu’elle doit passer en fin de semaine à l’université de Prague. Andréa s’inquiète de notre logistique et nous propose pour mercredi un dîner chez un de ses amis, ce que nous acceptons volontiers. Avant nous faisons un tour au chapiteau qui se trouve sur le terrain de la rue Du Pont à Saint Denis, où a déménagé le Hanul et où nous retrouvons les enfants de feu Parada avec Coralie et Kamo, toujours présentes avec d’autres bénévoles auprès d’eux. Une bonne petite répète, pas trop longue pour cause d’activités circassiennes prévues ce jour, mais bien intense pour mettre tout le monde en appétit pour le spectacle du vendredi, conçu finalement sans modestie aucune comme un Festival Interbidonvilles International Européen – « Akana amen – Maintenant à nous! » et au quel nous aimerions bien les faire participer. Nous proposons de venir les chercher vendredi avec notre bus et de les ramener après le spectacle. Ensuite nous partons sur le terrain de la rue Pierre de Montreuil où nous sommes attendus par nos fervents Issaï, Méklesh et Jenika. Il est déjà tard, il fait noir, une petite pluie fine tombe, mais le préfabriqué dans le quel je pensais faire une petite répète est fermé. J’ai appelé Lili pour qu’elle nous l’ouvre, elle devait arriver d’une seconde à l’autre, mais après mon coup de fil on ne la voit plus. Nous restons donc dehors, sur le bitume devant la caravane d’Issaï, et nous jouons et dansons malgré la pluie et le froid pour ceux qui sont là à nous accueillir. C’est toujours magique et ça fait son effet. On se met d’accord pour qu’ils viennent vendredi à la soirée qu’on organise au 6B, et on file retrouver Andrea. Tout se passe bien, beau cadre juste spacieux ce qu’il faut, ambiance décontracté avec des hôtes cools, Andréa qui est un as des pasta express, Alexandre Romanès qui débarque avec ses enfants, de la musique improvisée qui tourne vers la fin du repas vers un petit spectacle impromptu et un voisin pris de crise d’insomnie aigüe qui tape violemment à la porte en exigeant un silence absolu vers les 9 heures du soir qu’il est, pour cause de réveil matinal à cause du boulot. « Je travaille, moi, môssieur ! » Bien sûr, il promet d’appeler la police, - on devrait avoir une ligne directe à force, on n’insiste pas, on fait le silence total et on repart gentiment comme on est arrivé. Ce n’est pas plus mal, nous aussi on doit se lever très tôt pour aller jouer à Clamart. Comme quoi il n’est pas le seul à bosser en ce bas monde… Mais au moins, nous, on aime bien le travail que l’on fait.
Donc réveil à 6h30 et départ pour l’autre bout de Paris, où nous réussissons à parvenir à l’heure malgré la circulation matinale. Nous intervenons dans l’école Léopold Senghor à Clamart. Nous y sommes déjà passés plusieurs fois et cette action est préparée depuis longtemps. C’est le seul spectacle que nous avons réussi à trouver cette fois-ci en région parisienne malgré les efforts désespérés de tous les côtés. Là, tout est prêt et nous enchaînons les interventions au gymnase, dans les classes, sous le préau, et avec une petite partie de foot dans la cour et un bon repas à la cantine, nous laissons un souvenir très fort de notre passage… sans renchérir. C’est aussi grâce à la collaboration de la directrice qui s’est investie personnellement dans le projet et avec le concours de Marianne et Antonio nous avons réalisés une sacrée journée. Avec une innovation – un passage exprès dans une dizaine de classes en plein cours avec une démonstration rapide de claquettes et chant. Succès unanime! Les élèves ne sont pas prêts d’oublier notre groupe. Nous élaborons d’autres projets avec la direction, en principe il devrait y avoir une suite au printemps avec une expo photo et nous espérons un travail plus approfondi, sous forme de résidence par exemple, dans un futur plus lointain. Bonne surprise, je reçois avant de partir un chèque que je m’empresse de déposer à la banque, ce qui nous permet de nouveau d’avoir de quoi payer les péages et l’essence jusqu’en Belgique. Nous chargeons encore en vitesse tout un paquetage de vêtements que nous a apportés Monique, venue avec son estafette directement de Reims et avec les sacs que nous ont apportés des amis de Meudon et des montagnes de cartons de chaussures de Rennes, les soutes du car sont pleines à craquer. On rentre au 6B, je file accompagner Heléne à l’aéroport pour qu’elle s’envole pour Prague où ses examens l’attendent vendredi. L’université de Prague est la seule dans l’espace tchèque et slovaque à proposer une licence de romistique – langue, civilisation et culture rom. Heléne y va avec son frère Dusan et sa sœur Darina. Tous les trois postulent à ce diplôme d’état qui leur permettra d’avoir une qualification pour enseigner les matières liées à la langue rom dans le cursus scolaire élémentaire et moyen. Heléne s’est préparée tant bien que mal, et anxieuse comme elle l’est, elle a plusieurs fois voulue abandonner, et finalement elle part le cœur serré, aussi de devoir prendre l’avion toute seule… On ne sait pas encore si elle nous rejoindra ensuite en Belgique ou si elle rentrera directement en Slovaquie, pour l’instant l’essentiel est qu’elle aille passer les examens.
Avec nos amis du 6B nous préparons le festival Akana amen. Ils sont tout à fait d’accord pour le principe de l’événement, qui marquera d’une manière festive la fin de notre séjour, mais sera conçu principalement en direction des jeunes et enfants des terrains franciliens et des nôtres, afin qu’ils puissent passer ensemble un moment décontracté, avec un spectacle en première partie et une « boum » tsigane pour clore la soirée. J’insiste bien sur le caractère juvénile - ado de la manifestation, donc sans alcool à outrance, mais il n’y a aucun problème à ce niveau, on est sur la même longueur d’onde avec nos hôtes, on en restera au coca et jus de fruits. On installe un lieu scénique, Johann débarque juste à temps pour filer un coup de main, même une vraie sono digne de ce nom est à notre disposition. Je pars chercher les participants avec notre bus. Autant à Saint Denis cela ne pose aucun problème, Misa, même prévenu que le jour même, est toujours prêt à nous suivre avec toute sa troupe qu’ils viennent fraîchement de baptiser « Somnakunaï Tchave » (Enfants dorés), puisque Parada n’est plus de ce monde… A Montreuil c’est tout le contraire. Plus tôt on prévient Lili, qui est gardienne officielle au terrain, mandatée par la municipalité, mieux elle trouve des prétextes pour ne pas venir avec sa troupe Bari Shatra et pour carrément faire de l’obstruction aux gosses du terrain afin qu’ils ne viennent pas non plus. Heureusement qu’il y a notre « noyau dur », Mekles, Issaï, Jenicca, Joanna, qui sont indéfectibles et passent outre toutes ces manigances. Donc Lili m’annonce au téléphone que maintenant elle ne prend que des grands spectacles bien payés, sur des grandes scènes. Et ça avec des gosses qui ne sont montés qu’une seule fois sur une vraie scène, l’année dernière lorsque nous avons insisté avec Colette, Jeanne et Bielka pour qu’elle participe avec nous au spectacle des JMM et au Réveillon de la Mairie. Bon, Lili, on comprend. Il y a tellement de volonté d’émerger, de sortir du rang, de se démarquer… et il y a le contexte des familles qui réclament sans cesse de l’argent pour tout. Elle est encore toute jeune, inexpérimentée, parfois enfantine dans ses rapports au spectacle. Ce n’est pas grave, espérons qu’elle pourra quand même continuer à exercer ses talents certains de chorégraphe et chef de groupe. Mais ce qui est plus triste, c’est que des gosses d’autres endroits n’ont pas pu venir non plus, pour divers prétextes qui n’étaient que des paravents pour que des adultes qui sont en contact avec eux se « les gardent » pour eux seuls… Comme si c’était de Kesaj Tchave qu’il s’agissait comme concurrent sur le plan artistique ou émotionnel! On est loin de là. On ne fait que passer. Tout ce que l’on propose, ce sont des rencontres entre ces jeunes, qui sont souvent enfermés dans leurs caravanes, parfois « talibanisés », manipulés. Pour nous, peu importe qu’ils fassent du kesaj, du rap ou du manélé, l’essentiel est qu’ils puissent sortir un peu de leur trou, par exemple participer tout simplement à une boum telle que nous l’avons organisée après le spectacle, c’est un moment magique, une ouverture, une bouffée d’air inespérée, lorsqu’ils peuvent enfin se rencontrer entre eux. Ce sont des instants extraordinaires qu’ils n’ont pas l’occasion de vivre autrement. Peut être même pas une seule fois de leur vie. Une boum ordinaire. Comme celle de vendredi après le spectacle. Alors cela aurait été sympa pour eux d’en faire partie. Comme plus de soixante jeunes de Velká Lomnica, Saint Denis, Rakúsy, Montreuil, Kubachy, Aubervilliers, Veľký Krtíš et Kežmarok…
Nous avons, dés le premier jour à Saint Denis, rencontré trois gamins qui faisaient la manche au feu rouge en bas de l’immeuble où nous logions. Ils lavaient les vitres des voitures à l’arrêt et demandaient la pièce ensuite. Les chauffeurs les engueulaient, et eux, ils continuaient. Du matin (7h) au soir (19h), voir jusqu’à minuit. Dans le froid, l’eau, zigzaguant entre les bagnoles. Le plus petit, Danone, devait avoir 6 ans, il y avait aussi Cassandra, 9 ans et Jonas 13, ans. Nos petits les ont de suite repérés et ont fait connaissance en faisant une démonstration de danse. Le lendemain quand ils nous voyaient le matin passer pour chercher le pain, ils souriaient et faisaient des claquettes en lavant les vitres… Le jour suivant ils sont venus avec nous au petit déjeuner. Après, non. Ils sont restés sur leur réserve, à distance, manifestement sur ordre supérieur… Une rue plus loin mendiait une fillette de dix ans, affalée par terre, immobile durant des heures, on dirait qu’elle était pétrifiée, avec un air complètement absent sur le visage, direct à même le sol froid. Je cogitais sur la portée de nos actions en les voyant là tous les jours. Sacrée école de la vie pour ces gamins qui n’ont sans doute jamais connus l’école de l’éducation nationale. Ils en connaissent une autre, celle de la rue. Tout y passe : l’endurance, la persévérance, l’autonomie, la survie … et surtout l’obéissance. Lorsque, ému, j’en parlais à Vérona, elle m’a dit tout de suite avec son franc-parler qu’il n’y a aucun souci à se faire pour eux. C’est eux les plus riches! Ils dorment sous les ponts, et ils sont couverts d’or… Elle s’étonnait en constatant qu’avant, et elle me citait les noms presque de tous les gosses du groupe que je connaissais, les parents pris en flagrant délit de mendicité de leurs enfants, étaient envoyés directement en prison. Donc les gosses du groupe ne mendient plus, ils vont à l’école, même si les parents continuent à faire la manche. Et maintenant ?! Maintenant il y a beaucoup de bruit à la télé, dans les journaux, on expulse, on renvoie, et les gamins bossent 12 heures, voir plus par jour, qu’il pleuve ou qu’il neige… sans que cela dérange qui que ce soit…
Samedi matin nous plions bagages, on embarque la montagne de matelas pour les déposer chez moi et en route pour Gent. Nous partons seuls, sans Helena, cela aurait été vraiment trop compliqué pour elle de nous rejoindre, elle est rentrée directement en Slovaquie après ses examens. Elle a eue son diplôme ! Avec le prix d’excellence ! Elle l’a plus que méritée, c’est formidable, tout le monde est content pour elle. Juste une petite parenthèse sur l’éducation en direction de la minorité rom : Des légendes circulent sur les sommes mirobolantes destinées à ces « mécréants » pour qu’ils aillent à l’école et il n’y a rien à faire, ils refusent tout contact avec la civilisation… Eh bien je peux affirmer que bon nombre de personnes de mon entourage ont fait tout pour étudier, et ils n’ont pas vu l’ombre de la moindre aide extérieure dans ce sens, ils ont du payer très cher tout ce qui concerne leur cursus scolaire, et hélas, plus d’un a du abandonner faute de moyens... Bon, donc on continue notre périple en direction du Nord, laissant aussi à Paris Meklesh, Issaï, Jenika et Joanna, qui rêvaient de partir avec nous. Mais cela aurait été trop risqué de leur faire traverser une frontière en tant que mineurs tsiganes roumains…
A Gent nous sommes attendus au Way 2 Roma festival pour un workshop samedi et un spectacle le dimanche. Gent est une ville belge flamande, dont on dit que ce sont des Košice bis. Si l’on se promène dans les rues, c’est pareil, on peut y rencontrer les mêmes gens qu’à Košice – les Tsiganes de Košice. En effet, pour des raisons mystérieuses une importante colonie rom de Košice principalement, s’est établie depuis une vingtaine d’années dans cette petite ville qui n’a pourtant rien demandée à personne... Je me souviens avoir servi de traducteur il y a fort longtemps, lorsqu’un groupe parlementaire d’élus et sénateurs belges est venu en Slovaquie constater sur place les conditions de vie de nos Roms, suite à un premier rapatriement qui a mal tourné parce que les douaniers belges, pas très bien inspirés, ont marqués les enfants par des tampons à l’encre indélébile afin de les reconnaitre… Cela a fait un scandale politique. Le gouvernement en place a failli carrément tomber. Une famille a portée plainte au tribunal européen et ils ont gagné. Moi, je me souviens des gosses qui se marraient en repassant au stylo bille les restes de leurs cachets sur les bras qui s’effaçaient peu à peu… Le fait est, que depuis de nombreux Roms sont installés là bas, certains intégrés, d’autres moins. Un groupe de travailleurs sociaux de la municipalité de Gent a fait un voyage d’études à Košice récemment, et a initié une séance de travail avec leurs collègues slovaques sur le suivi médical des populations roms… Donc apparemment il y a de quoi faire. Et nous le constatons de suite en arrivant à De Centrale, l’endroit où nous devons faire notre atelier, où déjà, bien que 3 heures avant le début, une famille avec plein de marmots traîne en nous attendant. A première vue, et cela sera confirmé par la suite, il s’agit de Roms citadins, qui étaient très pauvres, et ont choisi l’immigration avant tout pour des raisons économiques. Cela faisait juste trois mois qu’ils étaient à Gent, mais ils s’y trouvent bien, pris en charge par le service social et n’ont nulle intention de rentrer. Pourtant ils étaient là, à attendre un contact avec des gens de chez eux. C’était sympa qu’ils soient venus. Au moins il y avait un peu de monde à ce qui était censé être notre atelier de danse. A part eux il y avait encore une dame belge, seule, qui pratiquait le flamenco et qui avait un plaisir manifeste à danser avec nous. Nous avons donc, malgré la fatigue due au voyage et à la boum d’hier, lancé l’atelier, qui consistait comme d’habitude en une répétition à notre façon – à fond et sans ménagements, comme ça on sent moins la fatigue et ça passe plus vite… Les marmots de Gent/ Košice sont pris dans notre tourbillon, manifestement ça leur fait du bien de se retrouver parmi les leurs, et manifestement aussi, notre première impression est confirmée, ils font partie des couches les plus paupérisées des populations urbaines, coupées de leur culture d’origine, ne jouissant pas du cocon social et culturel de leur classe et ethnie, comme c’est le cas des Roms des bidonvilles campagnards. Autrement dit, ils étaient plutôt dissipés, indisciplinés, dispersés, et manquaient de repères, quels qu’ils soient. Mais nous étions en majorité et en force par l’engagement et la puissance qui se dégageaient de notre répétition et instantanément, sans s’en rendre compte, ils étaient pris par la transe collective, par nos filles et les garçons qui étaient encore plus débridés qu’eux, mais arrivaient à canaliser leur incroyable dynamique par la danse et le chant. Voilà ce qu’il leur faudrait. Et le reste s’en suivrait. C’est sûr que ça a l’air du doux délire, mais on a les faits et l’expérience de notre côté, et ce ne sont pas des symposiums ni colloques internationaux qui vont arriver à avoir les mêmes résultats que nous…
Bien, après ce coup de brosse à reluire, on regagne notre hébergement dans un super gîte dans la forêt, c’est parfait, dommage que pour une seule nuit, qu’est-ce que l’on aimerait bien revenir un jour… Dimanche sacrée grasse matinée, pour certains jusqu’à midi. Il n’y pas de raison, s’il y a des performances réelles sur scène, autant que tout le monde récupère comme il se doit. Le spectacle est prévu à 16 heures. La salle est comme il faut et un ingénieur de son fait au mieux avec du matériel solide. Un groupe local de Roms slovaques doit passer avant nous en première partie. Ce sont de bons musiciens, j’en connais plusieurs, des anciens du théâtre Romathan (de Košice, bien sûr), du temps lorsque je les amenais encore en tournées… Ils produisent un programme similaire à de nombreux groupes tsiganes qui veulent plaire au public en jouant un pseudo jazz composé de standards de tous bords, mais finalement, malgré leurs qualités avérées d’instrumentistes confirmés, ils jouent une musique qui n’est pas la leur et qui généralement finit par ennuyer le public. Il en est de même cette fois-ci, mais heureusement ils n’insistent pas trop, et au bout d’une heure nous pouvons prendre le relais. La salle est bien remplie, il y a aussi pas mal de ces fameux Roms de Košice. Ils sont du même acabit que ceux que nous avons rencontrés la veille, bien qu’il y en ait quand même quelques uns qui se démarquent et manifestement sont beaucoup mieux intégrés que d’autres et ont réussi à se trouver une place honorable et non problématique à Gent. Il en était sans doute de même lorsqu’ils étaient encore à Košice. J’ai pas mal de mes anciens collègues musiciens qui ont choisie la même voie. En général, ils reproduisent le même schéma qu’en Slovaquie. Ceux qui étaient bien intégrés, avec un certain niveau d’éducation, le sont aussi dans leur nouveau lieu de séjour. Et ceux qui étaient en marge, continuent sur la même voie, peu importe où ils se trouvent. Donc une volonté de collaboration des services sociaux des pays d’origine et d’arrivée est plus que pertinente. D’ailleurs il est tout à fait incompréhensible qu’il n’en soit pas de même dans le cas des Roms roumains, qui représentent une frange de population hors frontières bien plus importante que les Roms slovaques et sont laissés leur sort par les instances nationales (pardon, à part la police…).
Piet, qui a servi de relais pour cette étape est là. Nous nous sommes rencontrés il y a de cela pas mal d’années lorsqu’il venait avec des amis belges au bidonville de Rakúsy et a par la suite essayé de mettre en place un projet d’amélioration de l’habitat. C’était assez loufoque, cela a tourné court, mais peu importe, il n’en était pas le responsable et nous nous sommes encore rencontrés plusieurs fois par la suite. Il est musicien. A l’époque il a même réussi à sortir Laci Karel Gott et Alena de Rakúsy pour qu’ils se produisent en Belgique. Pareil que le projet d’habitat, cela n’a rien pu donner pour des raisons évidentes de décalage socioculturel des principaux protagonistes, et Piet a par la suite fondé un autre groupe d’inspiration tsigane, Mek Yek, avec deux jeunes chanteuses roms de Košice (encore) installées à Bruxelles. Cette formation tient la route, ce qu’ils produisent est plutôt chouette, et nous ne désespérons pas de les voir un jour revenir à Rakúsy…
Nous envoyons un bon spectacle archi dynamique qui fait son petit effet sur le public, qu’il soit rom, belge, wallon ou flamand… Après, nous ne nous attardons pas trop, on a du chemin devant nous et la météo n’est pas trop engageante. Coup de bol, c’est un payement en liquide, vite encore trouver de quoi manger pour la route et on est partis. Avec les adieux de Rosita, notre nouvelle copine, danseuse de flamenco de Gent. Les frontières – invisibles, à partir de l’Allemagne la neige, nous arrivons en fin de journée à Lomnica et à Kežmarok. Chez nous c’est la Sibérie. De la neige partout. Il faut déblayer l’entrée de la maison de Margita pour pouvoir sortir tous les bagages et les costumes. C’est le grand froid. La nuit il fait moins 24. Le lendemain pourtant, lorsque je vais à Lomnica pour apporter tous les vêtements que nous avons reçus, tout le monde est dehors, en maillots de corps, il fait que moins seize, de grands sourires, je dois repartir le jour même…