mai 2015
FRANCE
Paris – Une Epopée musicale Tsigane, Square Tousseau, Faites l´Europe, 9.5.2015
Chilly – Mazarin – Les mômes a l´Est, MJC, assoc. Intermédes, 9.5.2015
Ballainvilliers – terrain sauvage, Akana me, assoc. Intermédes, 10.5.2015
Nanterre - Une Épopée miscale tsigane, Arenes de Nanterre, 11.5.2015
Longjumeau – activités et spectacle au parc, 13.5.2015
Nanterre – Une Épopée musicale tsigane, Arenes de Nanterre, 14.5.2015
RÉPUBLIQUE TCHÉQUE
Prague – Spectacle en mémoire de Václav Havel, Theatre Dobeška, 15.5.2015
Brno – Nuit des musées, Musée de la culture rom, 16.6.2015
Paris
Le hasard de notre calendrier de spectacles a fait que, deux semaines après Bruxelles, nous nous sommes retrouvés à repartir pour Paris, où nous étions attendus pour présenter la première de „l´Épopée musicale tsigane“, une pièce de théâtre que nous avons monté en coproduction avec la compagnie parisienne Fantasmagories, dans le cadre du projet Label Paris que la Mairie de Paris organise pour promouvoir la construction européenne, à travers son festival „Faites l´Europe“. Au départ, lorsque en 2014 nous avons été lauréats du prix „Label Paris“, séléctionés parmi de nombreux postulants, nous étions heureux d´avoir cette aubaine, de participer à un événement d´une telle envergure.
Mais, dans la réalité des choses, nous étions surpris et déçus, de voir le manque flagrant d´engagement des institutions, leur présence et intérêt n´était apparemment, que médiatique. Heureusement, que nous étions autonomes au niveau de l´hébergement et de la restauration, grâce à notre partenariat avec l´association Intermèdes, qui nous a proposée de loger au Château de Buno à Gironville, via l´association „Lire, c´est partir“, et à la Banque alimentaire, qui via Yepce nous a fourni en aliments et nous avons pu nous ravitailler en cuisinant nous-mêmes pour toute la troupe.
Malgré le manque de temps flagrant, nous avons pu monter tant bien que mal la pièce musicale en l´espace d´une répétition le jour de notre arrivée. Sans commentaires. Après 24 de voyage en bus, nous avons tout de suite répété avec nos partenaires des Fantasmagories, qui sont venus en pétard à cause des 2 h de trajet en RER, leur voiture étant tombée en panne.
Mais le pire était, que jusqu´à la dernière minute, nous étions dans l´incertitude par rapport au lieu du spectacle, donc à la production de la pièce. Initialement, nous devions présenter la première sur une des scènes du festival sur la place de l´Hôtel de la Ville, mais il n´en fut rien, la communication avec les organisateurs était nulle, et ce n´est que la veille de la représentaiton que le kiosque du Square Trousseau dans le 12 ème arrondissement nous a été proposé. Faute de mieux, nous avons accepté, mais aucune communication n´a pu être faite, et le spectacle a été présenté devant les passants, que le hasard a mené là, devant les jeunes mamans avec des poussettes, qui prenaient l´air, heureusement que la journée était ensoleillée...
Il est triste et désolant de constater ce désintérêt grossier de la part des initiateurs et bailleurs du projet, dont l´énoncé sonne si bien, et correspond à l´air du temps: l´Europe, la Construction européenne... Ce n´était pas sans nous rappeler ce que nous avons constaté à Molenbeek quelques jours auparavant. Nous avons ensuite rejoué le spectacle à deux reprises aux Arènes de Nanterre, toujours sans le moindre intérêt de la part des investigateurs du projet. Pareil par la suite, aucun retour.
Mais au moins, nous avons profité de notre présence en région parisienne, pour organiser de nouveau des ateliers avec des enfants des camps roms, le Château de Buno, à Gironville, nous donnait un cadre plus que parfait, et l´association Intermèdes nous fournissait en effectifs...
Ballainvilliers
L´intervention Akana me, notre Festival Interbidonvilles improvisé dans le camp rom de Ballainvilliers était une vraie apothéose de notre séjour, et matérialisait parfaitement les vertueux desseins proclamés par le Label Paris, mais que nous avons réalisés grâce aux „Intermèdes“ et „Lire, c´est partir“, dans de toutes autres circonstances. L´Europe des friches, des squats, bidonvilles et campements. Après un goûter improvisé dans les potagers des Intermèdes sur des friches des environs de Longjumeau, nous avons investi l´énorme hangar désafecté qui servait de squat aux 150 – 200 Roms qui y ont élu domicile depuis près d´un an.
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Nous étions attendus, certains nous ont déjà vu au camp de Champlan l´année dernière. Il faisait très chaud, la canicule d´été avait de l´avance sur le calendrier. Les activités d´un dimanche ordinaire occupaient la plupart des habitants, réunis autour d´énormes haldes de vêtements qu´ils triaient, apparemment pas gênés du tout par notre arrivée, laissant libre cours à de courtes altercations, pas plus méchantes que ça, entre deux tries. Nous nous sommes installés au fond du hangar, loin du soleil tapant, en aménageant un petit espace scénique improvisé en fonction de la longueur de la rallonge électrique que nous avons réussi à brancher sur un générateur diesel. Les enfants étaient instantanément sur place, et petit à petit les adultes aussi, rejoignaient leurs progéniture, curieux de voir ce qui allait se passer. Les décibels et l´énérgie que nous avons lancés dès le début de notre prestation ne laissaient aucune chance aux retardataires, en espace de quelques minutes tout le campement était là, à observer, médusé, le déferlement de danses et chants tsiganes, de culture tsigane, de la joie de vivre tsigane, de la rage de vivre tsigane, qui les mettait en valeur, les sublimait, eux, les Tsiganes!
Rapidement, un des leurs, personnage haut en couleurs, n´a pas pu résister et s´est mis à danser avec nos filles, on en a fait le soliste de la troupe sur le champ, et le tour était joué, à la fin tout le monde dansait ensemble. En cours de spectacle il fallait gérer le malaise d´une de nos danseuses, Krisitina, le fond du hangar était tout, sauf frais. Heureusement nous étions accompagnés par des amis bénévoles, qui ont pu lui prodiguer les premiers secours sans que notre production en pâtisse.
La fin du spectacle, en apothéose, avec le chant „Nadara,“ un des évangéliques du moment – „N´ai pas peur“, que je reprends à ma facon avec mon speach de la fin : „N´ayons pas peur les uns des autres, comme nous n´avons pas eu peur aujourd´hui d´aller vers vous, et vous n´aviez pas peur de nous recevoir... Et surtout, n´ayez pas peur d´envoyer vos enfants à l´école!“ Bon, espérons que le message soit passé, en tout cas, sur le moment tous étaient d´accord et n´hésitaient pas à le manifester. Et à ceux, qui me demandaient si nous étions des évangélistes, je répondais avec un air entendu: „Dieu reconnaîtra les siens...“.
Un verre d´eau, une poignée de main, et nous repartons, après que tous nous aient assurés que jamais ils n´ont vu ça de leur vie, et qu´enfin, ils se sentent fiers d´ être des Roms.