Oradea 2010

 
Oradea
Ville en Roumanie
Oradea, ou Oradea Mare, est une ville de la région de Transylvanie, dans la province historique de la Crișana, en Roumanie. Elle est le chef-lieu du județ de Bihor, situé dans la région de développement Nord-Ouest.
 
 

Interventions auprès les communautés roms dans la région d´Oradea en avril 2010

 

Chez tous les Roms roumains que nous avons rencontrés sur les terrains franciliens, nous avons pu constater un très fort lien vers leur pays d’origine – la Roumanie. Comme les Roms d’autres contrées, en France, Hongrie, Slovaquie, etc., ils se sentent avant tout citoyens de leur pays d’origine, où ils sont nés, où ils ont des attaches familiales, et malgré des rapports ou des situations ambigües, voire parfois périlleuses qu’ils vivent dans ces états, ils n’en ressentent pas moins envers ceux-ci une profonde empathie, prenant souvent des allures de nationalisme populaire. Au contact des Roms roumains du 93 il nous a paru intéressent de pouvoir un jour organiser un voyage « retour aux sources » pour certains d’entre eux, pour découvrir d’une part les conditions des quelles ils viennent, comprendre les raisons de leurs migrations, et aussi initier un dialogue entre ceux  qui partent et ceux qui restent, et montrer avec notre intervention une autre facette de la réalité tsigane.

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Une opportunité s’est présentée dans ce sens avec le partenariat du CCFD et de Romani CRISS sur un projet de valorisation de l’identité rom en milieu scolaire mené dans la région de Budureasa. Profitant de l’occasion du recoupement des vacances scolaires de Pâques en Slovaquie et en Roumanie, rapidement nous avons élaborés un projet de voyage du groupe Kesaj Tchave dans la région d’Oradea, prés de Budureasa, afin de présenter sur place son spectacle dans la communauté de contact de Romani Criss et mener des ateliers de danses avec des enfants et des jeunes. Romani CRISS a répondu de suite positivement à notre sollicitation et la période du 1 au 6 avril fut fixée pour le séjour en Roumanie.  Budureasa a été choisie en raison de son emplacement géographique dans le nord – ouest du pays, pas loin de la frontière hongroise, à quelques 500 km de chez nous.  Le groupe Kesaj Tchave devait participer à cette expérience, mais il serait judicieux de faire venir aussi quelques membres de la communauté des Roms migrants roumains du 93 avec les quels nous travaillons maintenant depuis plus d’un an. Surtout après les résultats décevants du concert des JMM (Jeunes musiciens du Monde, association canadienne) en début du mois de mars, dans le quel nous nous sommes tous énormément investis, mais dont la gestion et l’organisation du côté des JMM ne correspondait pas à nos attentes, et au final cette manifestation a déstabilisée certaines de nos relations sur les terrains. Un voyage tel que nous l’envisagions serait un élément idéal, fédérateur, pour ressouder de nouveau les contacts et relancer une dynamique constructive dans les communautés sur les terrains. C’est pourquoi, dès le départ nous avons élaborés diverses variantes de participation des jeunes du 93 au voyage. Il nous a paru opportun de profiter de cette occasion pour leur faire aussi découvrir les réalités de la vie des Roms en Slovaquie en s’arrêtant quelques  jours chez nous sur le chemin. 

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Nous avons donc proposé qu’un groupe de 8 jeunes Roms roumains franciliens partent avec un mini bus, loué et conduit par un des adultes des terrains, ce qui aurait l’avantage de faire participer directement un représentant de la communauté, lui permettre de bénéficier financièrement des retombées du projet – pour qu’enfin quelqu’un de la communauté puisse aussi s’y retrouver !  Il faut se remettre dans le contexte des campements pour comprendre un tel enjeu. Nous avons affaire à une population qui vit dans une précarité et une misère sans commune mesure avec les normes européennes du XXI siècle. Pour essayer de s’en sortir ils ont du quitter leur pays, affronter l’inconnu et l’insécurité de l’immigration clandestine, et souvent, comme seul moyen, la mendicité et la débrouille pour survivre au jour le jour. Donc pour eux, il est difficilement compréhensible qu’une démarche désintéressée, humaniste, telle que la nôtre puisse exister. L’extrême motivation dont nous avons réussis à dynamiser les jeunes et les enfants fait que ceux-ci participent avec avidité à nos activités, mais les adultes restent pour la plupart en dehors, méfiants, persuadés que les intervenants extérieurs ne sont là que pour « se faire de l’argent sur le dos de leurs enfants ». Et, hélas, après les déconvenues du dernier concert des JMM à Montreuil, où des informations non fondées sur les bénéfices du spectacle étaient mises en circulation par les organisateurs mêmes, nous nous sommes retrouvés dans un climat de suspicion et de défiance générale, compromettant notre investissement antérieur. Bien que n’étant pas directement visés, il nous a paru évident qu’une occasion comme ce voyage serait un excellent outil pour ressouder les rapports avec la communauté.   Mais une chose est vouloir – et tout à coup tout le monde voulait de nouveau participer, ce qui était déjà une victoire en soi, puisque de nouveau il y avait de l’engouement et de la motivation, et autre chose est de pouvoir – au final il s’est avéré que personne, à part Joana et Misa, n’avait les documents nécessaires pour franchir les frontières. Pour sortir, encore cela passerait, mais pour rentrer il y aurait certainement des problèmes, car presque tous figurent sur les passeports de leurs parents, et ne pourraient pas ressortir de la Roumanie sans eux. Donc le problème ne se pose pas, dans de telles conditions personne ne peut sortir de France et venir avec nous. Mais avant qu’on en ait le cœur net, nous avons élaborés d’innombrables variantes, sujettes aussi à nos moyens financiers, qui étaient nuls avant le virement de la subvention du CCFD. Donc finalement il n’y aura que Joana, qui a pu avancer l’argent pour le billet d’avion et Misa Boti de Parada France, qui nous rejoindrait en voiture, profitant de l’opportunité du voyage du photographe Alain Keler en Hongrie juste pendant cette période. Les autres, eh bien les autres n’ont pas d’autre solution que de se débrouiller pour avoir des papiers en règle et pour ce faire, une assiduité scolaire minimale est indispensable, afin que leurs parents puissent présenter des certificats de scolarité de leurs enfants pour formuler des demandes de titres de séjour. Donc, inouï, même ceux qui étaient jusque là réticents à tout encadrement, y compris la scolarité, se voient contraints de leur propre chef à aller à l’école pour obtenir les papiers nécessaires  pour voyager. Donc le constat est : même les « irréductibles », les durs, les futurs caïds, se plient volontiers au règlement, à la scolarité, pour parvenir à leurs fins – et la fin justifie les moyens – donc même aller à l’école (qu’ils n’ont pas beaucoup, voire pas du tout fréquenté jusqu’à lors). Et tout ça pour participer à cette aventure que constitue la démarche des Kesaj Tchave, qui n’est en fait qu’une mise en situation positive des jeunes exclus en valorisant leur propre identité individuelle et collective à travers leur culture. Et tout cela juste pour sortir d’un bidonville pour aller à un autre ! Ceci pour souligner la force d’attractivité de sa propre culture, de son propre milieu social, qui sous des apparences rébarbatives peut cacher une richesse et une force insoupçonnées.

Dans un premier temps il s’avère plus judicieux  et plus simple aussi pour nous, de faire venir que deux personnes – Joana, une jeune fille de 17 ans, de mère française et de père Rom roumain, fortement encrée dans la culture rom des terrains de par les rapports privilégiés dus à l’engagement social de sa mère auprès de ces populations. Mais aussi bénéficiant de tout l’apport et ouverture sur la civilisation française, puisque parfaitement intégrée, née en France, scolarisée, etc. Elle fait partie des « férus de première heure » de Kesaj Tchave, suivant le groupe, l’intégrant à maintes reprises lors de ses productions en France. Qu’elle seule vienne, constitue une motivation irrésistible pour tous les autres, restés sur place faute de papiers. La présence du second participant, Misa Boti, est fortement souhaitable de tous points de vue. Rom roumain, ancien du camp de Hanoul, médiateur des terrains auprés de Parada, Il est un des éléments fondateurs de nos contacts à Saint Denis, et ses qualités linguistiques et humaines pourront certainement apporter beaucoup au succès de notre séjour. Au constat de son engagement personnel auprès des Roms, il nous semble pertinent qu’il puisse aussi découvrir  les réalités slovaques, et nous insistons auprès de ses supérieurs afin qu’il puisse être disponible et partir avec nous en tant que représentant de Parada France. Et bien sûr, la présence à nos côtés de Jean-Michel Delage et d’Alain Keler, journalistes photographes, nous accompagnant sur ce voyage pour en écrire des reportages est un privilège et un atout supplémentaire.

Nous partons donc de Paris Beauvais en avion le 29 avril, Joana, Jean-Michel et moi, Misa nous rejoindra à Oradea. Arrivés en Slovaquie, nous faisons tout de suite une « méga » répétition pour voir l’état des « troupes ». 

 

Tous sont là, vaillants, prêts au départ pour cette aventure pour nous inhabituelle, que d’aller vers l’Est de l’Europe au lieu de l’Ouest que nous avons déjà maintes fois pratiqué. Le fait d’aller chez des Roms est un atout majeur, tout le monde veut participer à ce voyage - découverte. Bien que cela tombe pendant les Fêtes de Pâques, nous n’avons aucun mal à décider les parents à laisser les enfants partir, l’autobus est vite rempli. Comme d’habitude, nous nous concentrons surtout sur les plus jeunes et nous faisons aussi venir 4 filles expulsées à la frontière hongroise (les anciens du groupe Kesaj Tchave ont été pratiquement tous délogés du centre ville il y a 2 ans). Les préparatifs ne sont pas simples du fait que nous n’avons pas encore reçu le virement de la subvention, mais nous parvenons quand même à prendre le départ le 1 avril à 10 heures. Nous sommes 32, dont 28 jeunes et 4 adultes.

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Le voyage se passe sans problèmes, un peu de zèle de la part des Hongrois à la frontière roumaine, mais sans plus, tout le monde est en règle, on peut entrer en Roumanie. Dès le matin de notre départ nous avons étés contactés par Simona et Monica, nos partenaires du Romani CRISS, ils nous attendent sur place, et vers 18 heures nous atteignons Baile Félix, une station thermale près d’Oradea, pour découvrir avec stupeur que c’est dans un vrai hôtel que nous allons être logés, et pas dans un gymnase, sur des matelas par terre, comme c’est souvent le cas au cours de nos périples. C’est un changement plutôt agréable, et constitue en quelque sorte une récompense bien méritée pour les membres du groupe pour tout le travail et engagement dont ils ont fait preuve jusqu’à lors. Nos hôtes sont parfaits, à notre écoute, découvrant notre groupe. Nous élaborons vite un plan d’action pour les jours suivants, qui consistera dans les interventions auprès de la communauté rom de Budureasa, avec  la quelle Romani CRISS est en partenariat sur un projet scolaire.

 

Le lendemain nous partons pour Budureasa qui se trouve à quelques 70 km de là. Les routes d’un autre âge nous rappellent celles de chez nous il y a plus de 30 ans. Le reste du paysage est pratiquement à l’identique de ce que nous avons l’habitude de voir chez nous, en Slovaquie de l’Est. D’ailleurs, la région que nous traversons compte aussi la présence de la minorité slovaque, mais on sent surtout la proximité de la Hongrie, comme chez nous dans le Sud. Par contre nous ne voyons pas beaucoup de Roms. 

 

Après 1 heure d’auto cross nous arrivons à Budureasa où nous sommes attendus à l’école. Les innombrables nids de poules sur la route ont eu raison de notre ponctualité, nous sommes pressés, alors après quelques mots de politesse, mais sincères, nous attaquons de suite avec une partie de notre spectacle, à l’improviste, sur les lieux où nous nous trouvons. Cela produit son petit effet, d’autant plus que nos hôtes ne pensaient pas que nous nous produirons là. Initialement c’était prévu ailleurs. Nous avons pris juste le temps d’échanger quelques informations sur l’école, admirer leur exposition de Pâques, mais assez pour nouer la conversation avec les quelques élèves roms et les ramener avec nous en bus au village. Là, nous sommes attendus pour faire une intervention dans l’église que le pasteur a bien voulu mettre à notre disposition. 

Nous découvrons la succursale villageoise de l’école – une petite maison de campagne, avec deux pièces qui constituent des classes pour tous les enfants roms. Les mêmes conditions que chez nous, où l’enthousiasme des enseignants doit pallier à des insuffisances matérielles majeures. Florian, qui nous accompagne avec  Romani Criss, est un employé du Ministère de l’éducation roumain  à la section aux minorités, est vite pris à parti par les responsables pédagogiques locaux, je le laisse à son sort et je pars tout seul découvrir le village rom pour repérer l’endroit où nous devons nous produire. 

 

C’est un village typique tsigane, à part, mais sans la misère et l’abandon tel que nous le connaissons chez nous. Les maisons, sans luxe bien sûr, sont plutôt bien bâties, et la ruelle qui monte en hauteur est relativement propre. Partout, les gens me dévisagent, j’essaie d’engager la conversation en romani, mais sans succès, ils ne parlent que le roumain, et pourtant, selon toutes apparences, ce sont des Roms. Personne, ni les vieux, ni les enfants, ne parlent un mot de tsigane. Je cherche cette fameuse église où nous devons faire notre spectacle, mais ne la trouvant pas (j’ai su après que c’est une petite bâtisse qui se trouve tout en bas), je monte de plus en plus en haut, jusqu’à ce que je trouve enfin une petite place de 12 m carrés pour y faire notre spectacle. Je me mets tant bien que mal d’accord avec quelques hommes pour qu’ils nous fournissent du courant pour le synthé et assurent la sécurité et je pars chercher le groupe qui pendant ce temps se change en bas dans le car.

 

C’est dans un défilé haut en couleurs que nous montons tous, en chantant et jouant, les quelques 500 m du bus en haut du village. Les habitants nous regardent, ébahis, ne comprenant pas trop grand-chose, et accompagnés par tous les gosses du village en liesse, nous arrivons sur la petite place. Les hommes avec les quels je me suis mis d’accord il y a 10 minutes ne sont plus là, mais il y en a d’autres. Vite on trouve même deux chaises, une rallonge, et d’autorité, mais avec le sourire, j’en désigne deux comme chefs de police – la Securitate, pour essayer de contenir la foule se pressante autour de nous. Heureusement le temps est magnifique, la seule ombre au tableau, c’est cette absence déstabilisante de la langue romani, donc de communication. Je n’ai pas le temps de me pencher sur la question. Nous attaquons notre spectacle devant une foule médusée, à peu près comme si des extraterrestres tsiganes descendaient chez des tsiganes. 

 

 

Vite, on s’aperçoit que la langue n’y fait rien. A la façon dont ils reçoivent notre musique on sent que ce sont des Roms. Enfin, survient un qui parle un peu. Il est passablement éméché, habillé en militaire, et il veut à tout prix danser. Qu’à cela ne tienne. On en fait un soliste sur le champ à la joie générale, et le spectacle enchaîne de plus belle. Les costumes sont magnifiques, les filles splendides et la musique endiablée. Le public, plus qu’acquis, subjugué, suit notre prestation comme  envouté par toute cette dynamique, cette vie faite de  couleurs, mouvements, voix,  sourires… tant d’émotions à la fois.  Peu importe le sol rocailleux, les conditions de fortune, c’est un succès total. Mais comme de règle, selon notre expérience, au meilleure moment il faut savoir s’arrêter afin d’éviter trop de débordement et essayer de maîtriser tant bien que mal l’enthousiasme de la foule en délire, alors nous repartons comme nous sommes venus, en chantant, accompagnés jusqu’au bus par tous les jeunes et enfants déchaînés. Lors des premiers contacts il faut savoir rester juste ce qu’il faut, ne pas s’attarder inutilement. Nous promettons de revenir le lendemain et nous repartons. Il est tard lorsque nous revenons à l’hôtel, éreintés, mais heureux de cette nouvelle expérience, satisfaits du « travail bien accompli ».  

 

Cette fois-ci nous n’avons pas avec nous nos ados à problèmes, alors nous pouvons profiter d’une certaine quiétude – tous sont fatigués et prennent d’innombrables douches, pour discuter un peu et se découvrir avec Monica, Simona et Florin du Romani CRISS qui doivent nous quitter pour cause de Fêtes de Pâques, qui, visiblement, en Roumanie ont la même importance, sinon plus, que Noël chez nous. Misa doit arriver avec Alain le soir même, alors ils peuvent nous laisser sans inquiétude, nous saurons nous débrouiller. Nous ne pouvons qu’être reconnaissants à nos hôtes d’avoir su en si peu de temps parfaitement organiser notre séjour et d’avoir tout simplement répondu sans ambages, positivement à notre initiative. Nous restons en contact téléphonique s’il y avait le moindre problème. Mais il n’y en a eu aucun, et il nous reste qu’à espérer qu’une autre fois nous aurons le temps de mieux nous connaître. Nous poursuivons notre séjour de rêve. Habituellement, lorsque nous venons en France, nous habillons dès les premiers jours nos petits que nous récupérons au moment du départ en haillons, mais là, nous n’avons pas comment pallier à ce manque vestimentaire. Bien entendu, nous essayons de ne pas être trop voyants, mais il est impossible de passer inaperçu avec une telle troupe dans un endroit qui n’est pas destiné à recevoir pareille clientèle. Mais nous rencontrons, étonnés, que des réactions positives de la part des clients de l’hôtel, à majorité roumains, nombreux lors de ce weekend de Pâques, ne correspondant pas du tout à l’image caricaturale que nous avons des Roumains – « tous racistes » ! et que l’on craignait quand même un peu – aucune réaction négative n’est à déplorer vis-à-vis de nous. Au contraire, lorsque Misa arrive, nous ne pouvons que constater qu’à l’unanimité, tous ses interlocuteurs lui témoignent du respect, sans occulter le moins du monde son origine rom, au contraire, de nombreuses discussions passionnées sur ce sujet sont menées spontanément.

Le lendemain, le temps est incertain, la partie de foot que nous avons promise aux jeunes de Budureasa ne peut avoir lieu faute de terrain mouillé. Nous profitons de la matinée pour faire du tourisme à Oradea, nous prenons des photos sous la statue de Michael Venceul, qui a libéré les Roms de l’esclavagisme selon les commentaires de Misa et faisons une répétition improvisée devant le Théâtre de la Ville. Une passante offre spontanément des œufs de Pâques en chocolat à nos petits. Ces petites scènes banales de la vie touristique ordinaire me mettent toujours en émoi, sachant à quel point cet ordinaire est extraordinaire pour des Roms voués trop souvent à une autre conception de la possession de l’espace public, nota bene touristique.

C’est très délicat de revenir de suite après un grand succès comme ce fut le cas la veille, nous pensons faire juste une petite intervention en bas du village avec des ateliers pour des enfants. Mais nous sommes littéralement tirés par les jeunes vers le haut du village, et nous ne pouvons que remettre ça, comme hier.  Même sans les costumes, mais avec une ferveur encore plus grande dans le public. Notre remontée de la petite rue a l’effet d’une véritable bombe. Cette fois-ci tout le village est là. Même les mamies qui faisaient leur lessive sur le pas de porte en bas, sont montées pour assister au spectacle. Pendant ce temps Misa parle avec le chef du village et explique aussi aux autres le pourquoi de notre présence. A l’école ils étaient bien sûr au courant, mais ici, en haut, l’information n’est pas forcément passée auprès de tout le monde, et hier, les adultes ne comprenaient pas tous ce qui se passait. C’est d’autant plus méritant qu’ils nous ont très bien reçus. Là, il en est tout autrement, Misa y va de son discours, j’essaie quelques métaphores, on se lance dans les vœux, en tous cas on sent une ferveur et une sincérité véritables. De nouveau, au meilleur on repart. On aurait bien essayé d’apprendre quelques pas de danses aux jeunes. Hier ils étaient encore un peu réticents, timides, mais aujourd’hui tous voudraient être de la partie. Hélas les quelques 12 m carrés de notre espace scénique ne peuvent pas contenir les quelques soixante, voire plus d’adeptes à la formation accélérée, nos devons nous résigner à quitter les lieux et à repartir en chantant. C’est difficile de décrire la liesse qui a accompagnée le cortège qui s’est constitué pour nous raccompagner. Les festivals de Rio, Guca et Akana me réunis dans une petite ruelle en pente d’un village rom où personne ne parlait plus le rom et d’un coup tout le monde danse et chante à tue tête les chansons rom… Victoire ? Oui, je pense sincèrement que oui. Nous avons réussi à créer un « traumatisme positif ». C'est-à-dire un événement, une expérience, que ceux qui l’ont vécue n’oublieront jamais de leur vie ! Et cette expérience est sur la base de la culture rom, dans une identité affirmée, positive, au grand jour, à la vue de tous. Dans ce village, qui, comme nous l’avons appris par la suite, s’apparente à la communauté Kashtale, donc des Roms qui ont perdu la pratique de leur langue (mais ce ne sont pas des citadins qui ne parlent plus le romani par mépris), mais gardent les attributs de la communauté en ce qui concerne l’habitat et aussi une certaine fermeture sur son propre groupe social, notre intervention prend une signification encore plus grande. Au de là de la portée culturelle et sociale, c’est aussi une dimension ethnique et humaine à travers cette culture originelle, portée par des Roms de souche – les Kesaj Tchave, immergés totalement dans la vie tsigane par leurs chansons, leur mode de vie, complètement encrés dans leur univers rom, qui apportent justement cet univers rom à d’autres Roms, pour l’offrir en partage comme on partage quelque chose d’essentiel, de fondamental, comme l’air que l’on respire, l’eau… sans les quels la vie ne serait pas possible. Pas plus qu’elle n’est possible sans une dignité à travers une identité affirmée, non conflictuelle, mais au contraire, faite d’échange et de partage. Qui sait partager une chanson, une musique, sait partager la vie tout simplement… comme nous l’avons fait en cet après-midi de Pâques, au fin-fond de la Roumanie, du côté de Budureasa, dans un petit village en pente, plein de Kashtale, heureux d’entendre et de voir enfin quelque chose de véritablement tsigane à la portée de leurs mains…

 

Rentrés à l’hôtel, je crois que la piscine constituait une récompense bien méritée pour tous ceux qui réussissaient à  se mettre quelque chose qui ressemble à un maillot de bain. Au moins la moitié – et surtout les petits, réussissent cet exploit, et ne s’en lassent pas jusqu’à la fin du séjour. Des interventions comme celles que nous nous venons de faire à Budureasa sont très exigeantes, exténuantes et stressantes,  du fait qu’elles se passent dans un environnement inconnu, que nous ne maîtrisons pas, et malgré toute notre expérience, ou peut-être justement grâce à elle, nous sommes en mesure d’évaluer tous les risques inhérents à ce genre d’entreprises. Donc, encore une fois de plus, nous pouvons nous coucher avec un sentiment de satisfaction par rapport à ce que nous avons réalisé. Deux interventions suffiront pour ce séjour à Budureasa, y revenir de suite aurait été contreproductif. Si nous disposions encore des locaux de l’école par exemple, pour y mener des ateliers, d’accord, mais revenir de nouveau dans la ruelle n’aurait aucun sens. Alors nous profitons du dimanche pour nous reposer un peu. Piscine pour les petits, ensuite sortie, promenade en ville, visite de l’église, rencontre impromptue avec des gamins roms des rues que nous avons vu faire les poubelles la veille. Au début ils sont hésitants, timides, mais ne résistent pas longtemps à l’équipe de choc – Matej, Kubo, Romanko, Tomas et Domino – les petits ont vite fait passer les appréhensions et  rapidement ils chantent tous ensemble. Une patrouille de police qui passe par là est au courant de notre présence à l’hôtel, rien à remarquer, circulez… L’après-midi pendant que nous improvisons une répétition dans le bois en face de l’hôtel, Misa et Helena partent à Salonta, pour y rencontrer des Roms, notamment Manuel, qui a vécu à Saint Denis, d’où il s’est fait expulser avec sa famille la semaine dernière. Ils se mettent d’accord pour que nous y passons le lendemain pour un petit spectacle. Ils partent en voiture avec Alain, qui réussit au retour à se perdre, et ils errent sans fin entre divers terrains tsiganes, qui font croire à Helena que sa dernière heure est arrivée, tant les lieux et leurs habitants étaient selon ses dires éloignés de toute civilisation.

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Le lendemain, hélas, il pleut. Sur place il n’y a pas d’endroit couvert où nous pourrions nous produire. Nous le savons. Nous partons quand même en espérant que la pluie s’arrêtera, que l’on trouvera bien une solution sur place. Combien de fois il en fut de même et nous avons toujours fini par nous en sortir. Mais la pluie ne s’arrête pas, on fait demi-tour, puis de nouveau demi-tour, on continue quand même. Arrivés à Salonta, il n’y a rien à faire, nous devons nous résigner à l’évidence, nous ne pourrons pas nous produire dehors. Pourtant les Roms sont là, nous attendent. Des femmes et des jeunes filles ont mises des habits de fête, des parures dorées, tout le monde est avide de voir notre spectacle. Ceux-là sont des Roms comme de chez nous, enfin, nous n’avons aucun mal à nous comprendre, et ça fait du bien après les expériences de ces derniers jours. J’aperçois au fond d’une ruelle une bâche, je vais voir si nous ne pourrions pas faire quelque chose là bas. Rien à faire. C’est trop petit. C’est là qu’apparaît le chef du village, un patriarche avec une barbe blanche à la Père Noël, à l’air sympathique, l’œil pétillant de malice. Misa le connaît bien, c’est aussi un chef d’un campement du 93 et c’est chez lui qu’il s’est rendu avec Helena la veille. Il nous propose de faire le spectacle dans une de ses maisons qui est vide. Nous nous y rendons, sous la pluie, suivis par les filles en apparat et les autres. C’est une toute petite maison de campagne, avec deux pièces vides de 2,5m x 2,5m. C’est super ! Comme chez nous. Nous nous y engouffrons. On se place au fond, collés sur les murs, en face de nous les jeunes, les vieux, les filles avec leurs couronnes dorées, on installe un papy dans son fauteuil roulant, les mamies sont là, aussi. On doit être pas loin de la centaine en tout.  Misa y va de son discours. J’en rajoute un peu, et place à la musique.  On attaque. C’est un moment magique. Nous prenons Manuel avec nous. C’est un jeune de 16 ans, il a déjà participé à quelques de nos répétitions à Saint Denis avec Misa. Là, il est mis à l’honneur devant les siens. Finalement nous croyons comprendre qu’ils n’ont pas été vraiment expulsés, ils ont du simplement revenir en Roumanie pour quelques jours, et ils vont repartir pour la France la semaine prochaine…

 

En fait, ces endroits exigus, voire incongrus, sont parfaits pour ce genre d’expériences de premiers contacts. Nous sommes tous, les interprètes comme les spectateurs, dans une proximité totale, au corps à corps. Normalement, selon la logique courante une telle manifestation est inconcevable, sans parler de normes quelconques – une centaine de personnes dans cca 20m carrés avec en plus un spectacle effréné de danses et de chants. Nous n’aurions aucune chance devant une commission normative de Bruxelles… Mais justement, cette exigüité est parfaite, elle nous convient tout à fait et lorsque nous attaquons à plus de trente des chants à pleine voix, personne ne peut rester indifférent. Et tous sont là, serrés les uns contre les autres, les yeux rivés sur nous, ébahis, transportés par le spectacle. Le patriarche a le sourire, les vieux, les jeunes, tous se pressent, personne ne veut perdre une seconde. On enchaîne les morceaux, on veut donner le meilleur de soi-même. Comme de vrais pros nous maîtrisons parfaitement cet espace à première vue absolument inapte au spectacle. Les anciens les plus performants sont au devant, les filles arrivent à faire virevolter leurs robes même sur les quelques cm carrés dont elles disposent. Les petits sont toujours aussi irrésistiblement séduisants et conquérants. Cyril danse tellement à fond, qu’il fait un trou dans le plancher.  Mais au bout d’un moment je décide d’arrêter, car il n’y a absolument aucune aération, je ne voudrais pas que quelqu’un s’évanouisse, et le plancher ne tiendra plus très longtemps… De nouveau quelques mots empreints d’émotion et nous repartons en chantant sous une pluie fine. Nous couvrons le synthé avec un costume, les filles soulèvent haut les jupons au dessus de leurs pantalons pour  ne pas les salir dans la boue. Les habitants, Roumains, regardent, ébahis ce cortège atypique, hors temps, hors normes. Nous ne regrettons pas notre obstination, nous sommes heureux de cette rencontre. Nous voudrions revenir un jour, les revoir, ici ou là. A cause du mauvais temps nous ne pouvons pas accepter l’invitation du chef à venir manger et boire chez lui, après quelques photos et chansons d’adieux nous repartons. Nous sommes le lundi soir, dernier jour de notre séjour.    

 

On serait bien resté encore un peu, profiter de ce cette accalmie existentielle, mettant tout le monde à l’abri de la faim et du besoin pour quelques jours, profitant de ce luxe extraordinaire d’un hôtel ordinaire, mais en même temps les enfants ont hâte de rentrer, de retrouver leurs copains, leurs jeux, leur vie, leur bidonville.  Durant le séjour il n’y a eu aucun élément négatif à déplorer. Tout le monde s’est tenu d’une manière exemplaire. Il n’y a eu rien de cassé, pas un verre renversé, pas un mot de travers. Et tout cela naturellement, dans une bonne humeur évidente, à la vue de tous dans cet hôtel près d’Oradea, dans la station thermale Baile Félix, en venant des bidonvilles de l’Est de la Slovaquie orientale. Entre les adultes nous communiquions en français, alors le grand public de l’hôtel qui ne pouvait pas ne pas remarquer notre atypique petite communauté, mettrait cela sur le compte de l’excentricité française… Il y avait parmi nous ceux qui n’ont pas de chaussures à se mettre aux pieds, pas de quoi manger tous les jours, pas de quoi s’habiller. Il y avait des filles qui font les poubelles des cités, et celles qui ont étés expulsées. Beaucoup d’entre eux habitent des cabanes d’un autre âge, si on le qualifierait de Moyen Age, on ne serait pas loin de la vérité… Tous se sont bien tenus. Normalement, naturellement, sans se forcer, sans que nous  forcions plus que ça sur la discipline ou une rigueur qui n’étaient même pas indispensables. Sans la moindre gêne par rapport à leur origine sociale ou ethnique. Tout simplement parce qu’ils étaient là, égaux  à tous les autres. Ils pouvaient se présenter tels quels, eux-mêmes, avec leur culture, leur vie, leur joie de vivre… simplement comme tout le monde, bien qu’à sa façon…

 

Simona reste en contact avec nous. Heureusement il n’y a rien à déplorer, ce n’est pas la peine que quelqu’un du Romani CRISS fasse les 12 heures de voyage de Bucarest juste pour se dire bonjour et au revoir. Nous espérons nous revoir une prochaine fois, et nous quittons l’hôtel vers 10 heures. A 18 heures nous sommes chez nous, au pieds des Tatras, tout le monde rentre et nous faisons encore un tour désespéré de tous les amis pour emprunter de quoi donner au moins quelque chose au chauffeur de bus avant de lui donner la totalité lorsque le versement sera arrivé.  Misa participe à la collecte et nous réussissons à réunir un minimum. Il nous faut encore acheter les billets d’avion pour Joana et Misa et les billets de bus pour les filles de Krtíš pour qu’ils puissent tous rentrer. Sinon, on va se retrouver en surnombre rapidement…

 

Dès le lendemain c’est la tournée des bidonvilles dans les quels nous sommes présents actuellement. La ville de Kežmarok, où nous sommes installés compte 16 000 habitants, et les 20 bidonvilles qui l’entourent ont 24 000 habitants Roms. Il y a de quoi faire… La municipalité a eue beau expulser les familles roms du centre ville au loin, et parmi eux  presque tous nos anciens, il n’en reste pas moins que la ville se retrouve comme encerclée, prise dans un étau, du quel la seule manière de sortir sont la concertation, le dialogue, l’ouverture, l’éducation. Et pour cela il est indispensable d’aller au devant de cette population, qui n’a pas la capacité d’initier un dialogue du quel elle a depuis toujours été exclue. Alors avec nos modestes petits moyens, nous essayons d’aller là où personne ne va jamais, surtout vers les jeunes, et nous réussissons malgré tout à faire de « grandes choses ». 

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Comme par exemple à Budureasa ou Solenta, où nous avons réussis, l’instant de quelques chansons à inverser la marche du temps…. à faire qu’il n’aille pas à reculons, mais au moins quelques minutes avance normalement vers un futur susceptible de positif pour tout le monde,…  pour les Roms aussi. Nous voulons que Misa puisse découvrir nos réalités, ce qu’il fait, abasourdi de voir que de pareilles conditions de vie puissent exister. En effet, après cette courte expérience, même brève, en Roumanie, nous comprenons encore plus l’exceptionnel des conditions de l’habitat des Roms des bidonvilles slovaques. Alors on amène Misa à Rakúsy, à Lomnica, à Kubachy. Il n’y a pas le temps d’en faire plus.  Partout il regarde, il parle aux Roms, croit que ce ne peut être pire, et l’étape suivante l’est encore plus. Le dialogue s’installe naturellement, les gens discutent, découvrent la dimension internationale des Roms et de leurs problèmes… Le 8 avril, pour la Journée Internationale des Roms nous avons été conviés à nous produire au Centre de gestion des crises de Poprad pour des Roms et des SDF. A la dernière minute le spectacle est annulé.  Nous amenons Misa à Kubachy – pas d’eau, pas d’électricité, pas de route. Que la forêt et des cabanes en rondins avec de la tôle ondulée en guise de toits éventrés. Du Moyen Age on passe à la Préhistoire… 

 

Pendant que je file avec un gosse aux urgences, je laisse Misa tout seul faire l’état des lieux. Il voudrait aller parler au maire responsable de cette localité. A mon retour on repart à Lomnica où nous attendent déjà en répétant  les autres – Stano, Ivana et tout le groupe. Dire qu’il y a foule, c’est peux dire. Tout le monde se presse devant le petit espace devant la cabane de Dusan comme aux heures d’affluences du métro,   il n’y a pas un cm de libre. Nous lançons alors la commémoration de la Journée Internationale des Roms puisque l’on dirait que le monde entier Rom est là, tant de têtes se pressent les unes contre les autres, et les pieds se massent dans la boue qui constitue notre parterre de scène de la vie ordinaire, omniprésente en ces lieux dès que quelques gouttelettes de pluie surviennent, comme ce fut le cas ce matin. Le synthé est branché, la grand-mère de chez la quelle Dusan tire le courant est sympa, elle ne le coupera pas aujourd’hui, bien qu’il y a du retard dans le payement de la facture d’électricité.  

 

Je sors ma balalaïka. Dusan et Ivan, le père de Manuela assurent la sécurité. Il n’y a pratiquement pas de séparation entre le groupe et la foule. Nous appelons Misa pour un discours. Il harangue la foule et nous lançons notre spectacle. Sans costumes, dans la boue, avec plus de 10 personnes au m carré. Une ambiance explosive.  Le service de sécurité improvisé fait le maximum, mais ne parvient pas à éviter une bagarre qui éclate dans le public. Peu importe. Nous avons déjà joué un bon bout de temps. On fini le morceau. On évacue. Les femmes et les enfants d’abord. Heureusement le conflit s’évacue  de lui-même plus bas. J’en profite pour prendre la place centrale et faire un peu de pédagogie « bon enfant » en soulignant le mérite de ceux qui ne se sont pas joints au pugilat. Bien que la bagarre fût réelle, je sentais qu’apparemment il n’y avait pas de danger de débordement, tout le monde était de bonne humeur, et à part l’agresseur, personne n’a rien bu. Nous sommes loin de la date des allocations sociales, il n’y a pas d’argent pour manger pas plus que pour boire. Donc avec un ton que se voudrait léger et humoristique  je lance quelques idées profondes comme quoi faites de la musique et pas la bagarre, il vaut mieux chanter que de se mettre des teignes… 

 

Mais il est plus prudent de ne pas s’attarder, la dernière fois un incident similaire a fini par une bataille rangée de 200 personnes avec l’intervention des commandos spéciaux et des blessés graves. Donc j’amène sous bonne escorte d’abord les filles extérieures au bidonville, les autres se réfugient chez Dusan et me rejoignent ensuite par un chemin détourné, en évitant de passer par le camp. Nous nous retrouvons tous dans notre local pour fêter cela et pour se dire au revoir – le lendemain Misa et Joana repartiront pour la France. Le matin nous les conduisons à la gare pour le train de Bratislava où des amis les attendront pour  les accompagner à l’aéroport.  Samedi, pressé par les contraintes administratives, je me consacre à la paperasse, et Jean-Michel part seul, avec un petit groupe d’ados en randonnée à la montagne. L’après midi nous recevons un coup de fil d’une équipe de tournage qui cherche des extérieurs et des interprètes pour un film dirigé par un de nos meilleurs metteurs en scène. Donc, de nouveau, repérages, répétitions, espoirs… en tous cas de bons contacts.  

 

En guise de conclusion

Une chose est sûre. Les populations en danger continueront à se déplacer. Ce danger peut être multiple et varié. De la balle de fusil à la gamelle vide avec rien à donner  à manger à son enfant.  Celui qui ne l’a pas vécu, aura beaucoup de mal à se mettre dans la peau du fuyard, de l’émigré, du pourchassé. Les Roms sont partout en Europe. Là, il y en plus, ailleurs un peu moins. En France il y en a de plus en plus. Pourquoi ne pas imaginer un programme de préparation à ce grand voyage pour ces gamins, pour qu’ils apprennent le français, pour qu’ils comprennent les réalités de notre monde. Pour qu’ils viennent, comme ils viendront certainement un jour, mais pourquoi pas, en tant que touristes  ordinaires… Comme nous l’avons été à Pâques 2010 à Oradea et avant à Venise ou à Paris. Ceux que nous avons rencontrés auront certainement envie de faire comme nous. Pas la manche.    La vie - Sans la manche !