Rythmes et Couleurs du Monde, Valentigney
Valentigney. Compliqué à écrire... Mais c'étaient surtout nous qui étions compliqués, du moins certains d'entre nous, en ces temps lointains.... En pôle position, nos musicos, on a eu beau leur dire de faire attention en arrivant dans la cité où allait avoir lieu notre spectacle, les codes ne sont pas les mêmes, on ne peux pas mater les filles comme chez nous.. Ca n'a pas raté, on n'est même pas descendus du bus qu'une castagne a éclatée, les gars de la cité se sont sentis offensés par les regards candides de nos musicos, et ça n'a pas trainé, ils en sont venus aux poings. Helena et moi, nous avons fait barrage de nos corps, et on a réussi à les faire battre en retraite, et on aussi réussi à éviter à ce que nos jeunes s'en mèlent. Heureusement, les autres productions étaient ensuite dans des endroits plus calmes.
Le reste du séjour s'est passé tranquillement, c'est là que nous a rendu pour la première fois visite Andrea, qui bossait de l'autre côté de la montagne, et il est venu nous voir au bord d'une Jaguar fringante, qui en jetait plein les yeux à toute notre petite troupe. Les filles ont ainsi rencontré le prince charmant en personne, mais les émotions donnent faim, et Andrea, bon prince nous a invité au restaurant. Tout était fermé, sauf une petite pizzeria, qui nous tendait les bras. Andrea est descendu arranger le coup, ça tombait bien, le patron était un Italien, comme lui, ils étaient fait pour s'entendre, et nous, nous étions prêts à s'installer à table pour s'empifrer de délicieuses pizzas cuites au bois selon la récépture ancestrale... Le restaurant était en sous sol, nous descendions les escaliers pour nous installer. En bas était, souriant, Andréa, et le patron. Le patron, lorsqu'il nous a vus, nous a viré aussi sec. Pourtant nous étions très pondérés, calmes, disciplinés, bien habillés, souriants, civilisés. Ouste! Dehors! Pas de tsiganes ici! Nous, on est remontés comme on est descendus, la vie continue, rien de nouveau au soleil, on en a vu d'autres... Mais il y en a un qui n'a encore jamais vu ça, c'était Andréa. Il est resté là, planté, médusé, contrit devant cette méchanceté gratuite. Il a essayé de raisonner le patron, c'était un compatriote, un Italien, comme lui, ils vont s'entendre. Mais le gars ne voulait rien entendre, ni en français, ni en italien, ils ne voulait pas de tsiganes dans son restaurant, même si c'était des enfants, qui ont bien dansé, qui avaient faim, et peu importe que son restaurant soit vide, pas de zingarellas ici, et c'est tout. Basta!
Bon, on s'est rabattu sur un café qui nous a servi de la charcuterie et des chips, le tout accompagné de coca et d'une bouteille de vin pour nous. Il n'y avait rien à faire, il avait un gout un peu amer.
Les Hongrois, comme d'habitude, puants... Je ne veux pas les offenser, mais c'est vraiment le terme qui vient à l'esprit. On ne leur a rien fait, et ils se comportent... bah oui, comme des fashos. Peut-être j'en rajoute un peu, mais vraiment, le moins que l'on puisse dire, c'est qu'ils n'étaient pas sympas, et qu'ils n'engendraient pas l'amour du prochain...
L'épisode suivant de nos aventures de Valentigney avait pour héroine Kamila, sur la droite de la photo ci-dessus.
Kamila avait déjà quelques années de plus que sur la photo, dans les 15 ans... et elle était en pleine période de turbulences majeures qui venait troubler les doux tournements de sa relation passionelle avec notre accordéoniste de service, Milos de son état. Bref, on avait beau essayer de superviser, de calmer, de pondérer ces effusions passionelles, on n'y arrivait pas comme on l'aurait souhaité, et parfois, il faut bien l'avouer, nous étions dépassés par les événements efusionnels dont nous gratifiaient nos deux tourteraux. Mais, après chaque orage, arrive une accalmie, et tout compte fait le séjour s'est bien passé. Nous étions en train de fêter la fin du festival, tous les groupes dans la salle municipale, super ambiance, une ronde géant réunit des danseurs du monde entier, un coup de bourrée auvergnate, un coup de samba, on passe au kazatchok, et hop, une csardas, une ambiance bon enfant bat son pein. Je ne rechigne pas à la besogne, et consciencieusement, je crépitte sur le parquet de danse, comme les autres. Il y a aussi les organisateurs, les bénévoles, le conseil municipal, les gendarmes, les pompiers. Justement, il y a un pompier qui s'approche de moi, et me demande à l'oreille, tellement la musique était forte, est-ce que la fille qui vient de se tailler les veines dehors, ne serait pas par hasard à nous?
Un petit tour dehors, eh oui, c'est bien Kamila. Adossée au mur, les avant bras gauchement éraflés avec un couteau de couvert de table, rien de bien méchant, mais l'effet de surprise est réussi... Je balbutie au pompier que ce n'est rien, que ça arrive, ce genre de choses.. Pas très malin comme réaction, le gars doit nous prendre pour des vampires, mais heureusement, c'est des pros, ils voient bien que nous sommes en pleine arborescence de l'adolescence, pas d'observation inutile chez un psy, on n'en fait pas une histoire, un bon pensement et la vie continue. Bien sûr, on fait gaffe à Kamila, pas question de la lâcher ne serait-ce qu'un instant, mais apparament, elle ne va pas si mal que ça, elle a réussi son coup petit d'éclat, et n'en demandait pas plus...