Traduction des dialogues
https://www.youtube.com/watch?v=6f5YX1fGi3M
Ce film a été réalisé avec le soutien financier du
Fond pour le soutien de la culture des minorités nationales
La radio et la télévision de Slovaquie
propose
un film documentaire de
Jozef Banyak
KESAJ TCHAVE
0:35
Ivan Akimov, fondateur et directeur du groupe Kesaj Tchave
Kesaj est une fée rom, qui dit que celui qui veut recevoir de l´amour, doit aussi savoir en donner.
Donc pour nous ça veut dire non seulement demander sans arrêt, mais aussi donner. Cela nous semblait comme taillé sur mesure pour ce que nous voulions faire et pour le message que nous voulions faire passer.
0:55
Le groupe a commencé à travailler consciencieusement, régulièrement, tous les jours.
Sont venus les premiers succès, les premiers spectacles à Kežmarok et dans les environs, ensuite à Košice, Bratislava, et bien sûr, nous voulions toujours aller plus loin. Lors d´un grand symposium international rom, sur les Roms, dans une de nos grandes villes slovaques, étaient invitées aussi des expertes françaises, alors je les ai invitées boire un café chez nous, à Kežmarok. Elles ont vu par hasard notre répétition, et elles ont dit : Ça alors, on vous invite en France, on va bien trouver une solution, on va arranger cela !
1:45
Marcela Čonková, ancienne membre de Kesaj Tchave
Le mieux, c´était avec le tonton Ivan, quand nous sommes allés à Paris, en excursions, en tournées, à Rakusy, partout, partout.
Nous connaissons le monde entier maintenant, nous avons fait le tour du monde avec tonton Ivan. Et après, quand nous étions déjà adultes, tonton Ivan voulait nous garder encore, il voulait que l´on continue à danser dans le groupe.
Maintenant j´ai arrêtée, maintenant c´est mon fils qui y va. J´ai maintenant un fils, mon fils chante, danse, et je suis très heureuse qu´il continue sur le même chemin que moi, quand je venais avec tonton Ivan. Je n´ai pas à avoir peur, parce qu´il est en de bonnes mains. Parce que je sais comment c´est là-bas, mon garçon sait comment c´est, il y a été avec mes frères. Et nous sommes très contents que nous avons connus ce si beau monde avec tonton Ivan.
2:50
Dominik Mirga, membre de Kesaj Tchave
La danse, c´est ma vie, la danse est ma passion, je suis content d´être dans ce groupe,
et que je peux partager cela avec les autres.
Les répétitions sont très, très, très, très fatigantes, et aussi éprouvantes, parce qu´on ne s´arrête pas, on y va sans arrêt, sans arrêt, en rond, et je pense que c´est bien ainsi, parce que si tu ne bosses pas, tu n´as rien.
Parce que Ivan veut qu´on soit exemplaires, que l´on danse bien, que l´on n´ait pas honte.
Maintenant, cette semaine nous avons eu toute la semaine des répétitions. Sans arrêt, sans arrêt, sans arrêt, bosser, bosser, bosser, trois heures, quatre heures, sans s´arrêter, sans pause.
Ca, c´est…assez. Mais je ne suis pas fâché, je suis content.
4:08
Ivan Akimov
Je ne suis ni un enseignant, ni un chorégraphe, je ne suis pas expert en culture rom.
Il est vrai, que j´ai gagné ma vie avec la musique tsigane commerciale, mais ce n´est pas tout…
Je ne veux pas dire que j´aurais des compétences quelconques en culture rom.
4:32
Donc nous faisons avec ce que nous avons à notre disposition, et notre but premier est tout simplement de faire venir ces gosses aux répétitions.
Ici il n´y a pas de collaboration avec les parents, que le parent prenne le gosse par la main, qu´il l´amène en cours, et qu´il donne même quatre sous pour que son gosse y reste.
Non, ici tout repose uniquement sur est-ce qu´ils auront envie de venir et de participer.
Donc, depuis nos débuts, toutes nos répétitions et tous nos contacts sont fondés là-dessus, tout doit reposer sur un engagement total de mon côté, cela doit être prenant, pour qu´ils reviennent, mais en même temps ne pas faire de concessions.
5:20
Je ne vais pas les dorloter, « oui, oui, mon petit, c´est bien, tu es formidable, etc.»,
Non, plus nous sommes intransigeants, plus il a de la demande.
5:38
Anna Polhošová, mère et grand-mère de 8 membres de Kesaj Tchave
Je suis contente que le groupe existe, que mes enfants aient maintenant du talent, et je remercie tonton Ivo Akimov. Merci, que depuis qu´ils sont petits, ils soient comme ça, qu´ils passent leur temps avec le groupe, qu´ils dansent, chantent, cela me rend heureuse.
Je vais vous dire cela comme ça, quand je les ai vu, mes enfants, quand j´étais encore plus jeune, les enfants étaient encore tout petits, Romanko était le plus jeune et le plus petit, il avait cinq ans, vous ne pouvez pas savoir quel bonheur c´était pour moi, quelle joie que j´avais, qu´il danse. Quand il était à Paris, sur scène, j´étais tellement heureuse que j´en avais la chair de poule… Quand je vois mes enfants là-bas, comme ils sont instruits, comme ils dansent, chantent, je suis très heureuse.
6:43
Helena Akimová, fondatrice et directrice de Kesaj Tchave
Nous ne pouvons pas exiger de la culture rom qu´elle soit uniforme… que tout le monde fasse la même chose. Je pense qu´il faut partir du besoin du cercle de gens que vous avez autour de vous, et vous ne pouvez rien faire sous contrainte… Vous devez répondre à leur demande, de ce groupe avec lequel vous travaillez, parce que si vous faites autre chose, ça ne marchera pas.
En premier lieu, eux, ils doivent se réaliser et ça se fera uniquement si tout ce à quoi nous aspirons, est aussi au final, ce à quoi ils aspirent, eux aussi, si tout ça, ça va dans la même direction, et bien sûr, ils doivent respecter ce qu´on leur demande. Parce qu´il ne s´agit pas uniquement de s´amuser, de jouer, mais il s´agit aussi d´une... d´une forme d´humanité. Non seulement pour nous, mais aussi pour eux, pour ces enfants, et s´il n´y avait pas cela, sans doute cela n´ intéresserait personne, ni eux, ni nous.
8:10
Pavol Pekarčík, réalisateur
Kesat Tchave est un drôle de phénomène en Slovaquie. Parce que… c´est dirigé par Ivan Akimov et Helena, et eux, ils sont un drôle de couple rom-slovaque-franco-russe…
Et ce qui me fascine en eux, c´est qu´ils investissent sans arrêt de l´énergie dans ces gosses qui à l´instant donné la leur renvoient très vite, en souriant et en se sentant bien, mais cette relation ne s´inscrit pas dans la durée...
Il y avait un débat lors du Conseil municipal de Kežmarok, à propos des locaux pour le groupe, et quelqu´un a dit : Mais nous ne voulons pas de tsiganes ici…
Et vous, vous regardez cela, en se disant tout bas, que c´est bien beau de ne pas les vouloir, mais vous les avez, et la question est, s´ils vont être intelligents, ou bêtes, et c´est de cela que nous devons nous préoccuper,
Et cela ne concerne pas uniquement les Roms, cela concerne aussi la situation désespérée de notre Éducation nationale, qui éduque des gens qui ne possèdent pas des habilités sociales élémentaires de base, de sociabilité, ils manquent par exemple de compassion, de solidarité.
9:44
Ivan Akimov
Après la Grande révolution socialiste d´octobre en Russie, lorsque notre famille a été obligée de fuir dans l´exil, mon grand père s´est retrouvé en Tchécoslovaquie, et de ce fait… mon enfance a été à Bratislava, c´est là-bas que j´ai grandi. Quand j´avais douze ans, est venu le Printemps de Prague, s´en est suivie l´Occupation, s´en est suivie de nouveau l´émigration, la nôtre, ma mère et moi nous avons émmigré à Paris.
A Paris, il y avait une très forte, en fait la plus forte, communauté d´émigration russe blanche, des centaines de milliers de personnes, et en ce temps, lorsque moi je suis arrivé, étaient encore en vie les gens qui ont fui directement de la Russie tsariste.
10:36
J´allais au lycée français, mais je logeais dans un internat russe, pour les enfants des descendants de cette émigration. Là, j´ai découvert la musique, la balalaïka, qui m´a envoûté, et à travers la balalaïka j´ai intégré le monde professionnel, parce qu´en ce temps là, la spécificité de Paris était, qu´il y avait une quarantaine, sinon plus, d´établissements de nuit, de cabarets, ou de restaurants très luxueux avec de la musique.
11:15
Ces établissements étaient connus comme très chers, destinés uniquement aux plus nantis, et là-bas jouaient ces émigrés russes, et bien sûr, aussi les Tsiganes. Dans la culture russe, la musique russe et tsigane sont intimement liées, pareil comme chez nous, mais avec cette différence, que là-bas ce qui était rom, tsigane, ne restait pas uniquement quelque part en bas de la société, mais parvenait jusqu´aux milieux aristocratiques.
11:52
Quand, des années après, je suis retourné en Tchécoslovaquie, le destin a fait que je me suis marié avec Helena. Helena est rom, d´une famille complètement intégrée, d´une famille de musiciens, et qu´elle soit tsigane était pour moi une agréable surprise, comme pour un Français entre guillemets, puisque j´ai grandi en France, alors je ne me suis pas posé de questions à propos de cela, cela ne m´est même pas venu à l´idée, en France le multiculturel est tout ce qu´il y a d´ordinaire... Mais ceci n´était pas encore ce contact avec le monde rom que j´ai eu un peu plus tard, en fait, avec les colonies-bidonvilles.
11:45
Stela Polhošová, ancienne membre de Kesaj Tchave
Quand j´étais petite, comme Stelka maintenant, je devais avoir dans les dix ans, j´ai commencée moi aussi à venir dans le groupe, ça m´intéressait, les enfants de chez nous y allaient, alors je me suis dit que je vais essayer moi aussi aussi, voir comment ça marche là-bas. Et ça m´a plu, alors j´y allais, ça me plaisait. Ensuite, quand j´avais 19 ans, je me suis mariée, après j´ai eu la petite Stelka, ma première fille, on a vu que Stelka aussi sait chanter et danser, elle m´a dit, maman est-ce que je peux y aller? Bah, je lui ai dit, si ça te plaît, vas-y, mais fais attention, que rien ne t´arrive, que tu deviennes quelqu´un. Si ça te plaît, nous allons te soutenir, pour que tu chantes, puisque ça te plaît.
14:27
Stela Polhošová jr., membre de Kesaj Tchave
Quand tante Helena chante, je reconnais tout de suite toutes ces chansons. Mon père aussi, il m´apprend à chanter, je connais déjà toutes les chansons, toutes, je m´en souviens, je n´ai pas besoin de les écrire. Je rêve de devenir une chanteuse, quand j´irais au collège, ça ne sera pas une école ordinaire, mais une école de musique. J´aimerai améliorer mon slovaque, je voudrai parler très bien le slovaque, comme une blanche (gadji), alors je vais m´entraîner à la maison en slovaque, avec ma mère, avec ma famille, avec les maîtresses, avec tout le monde je vais entraîner mon slovaque...
15:55
Hervé Féron, Maire de Tomblaine
17:45
Tomáš Mirga, membre de Kesaj Tchave
Je viens d´un petit village, Rakusy, près de Kežmarok, et à Kesaj Tchave je suis venu par un camarade, qui m´a dit un jour qu´il va m´amener dans un groupe rom dont il fait partie. Quand j´ai vu tonton Ivan et tante Helena, comment ils mènent ces enfants, comment dansent les jeunes, les grands, les adultes, alors ça m´a fasciné, je voulais vivre cela, moi aussi. J´ai commencé à venir dans le groupe, presque chaque semaine, je me suis consacré à cela, j´apprenais, je me perfectionnais, et puis est venu le jour quand nous sommes allés en France, où j´ai connu énormément de gens nouveaux et j´ai beaucoup appris. Et puis un jour je me suis dit, oui, c´est ça mon chemin.
18:47
Après le baccalauréat j´ai décidé de faire mes valises et je suis allé à Bratislava, sans savoir ce qui m´attendait. Je suis parti, avec une valise… un petit gars qui a vécu dans un bidonville, qui ne savait pas comment ça marche dans les grandes villes, et je suis allé dans une agence, qui m´a employé dans une usine de voitures, à Volkswagen, où j´ai travaillé pendant trois ans, plus de trois ans, et aujourd’hui´hui j´ai un emploi où je travaille pour une famille qui a ouvert un café avec une pâtisserie, et je suis maintenant ici, je travail comme bariste, je sers les gens, je leur fais du café, je leur fais plaisir. Chaque fois que je fais un cappuccino avec des dessins, ça leur donne le sourire sur leurs visages, et ça me fait à chaque fois plaisir, si je peux faire plaisir à quelqu´un comme ça.
20:05
Adriana Daneková
Musée national slovaque de la ville de Martin, Musée de la culture des Roms en Slovaquie
Je connais le groupe rom Kesaj Tchave depuis ses débuts, nous avons même déjà travaillé ensemble, et c´est un grand honneur pour nous qu´ils soient venus aujourd’hui participer à notre événement. Je pense que ce qui les caractérise, c´est une grande part d´authenticité, je pense que la part de stylisation est très faible, donc vraiment, ils sont très authentiques, c´est très vivant, authentique et spontané. Aujourd’hui nous avons déjà eu l´occasion de voir un de leur spectacles, et vraiment, ils ont entraîné avec eux tous les spectateurs, avec leur incroyable énergie, très positive, qui abat toutes les barrières. Nous avons tous dansé, on peut dire qu´ils nous ont tous pris par leur énergie, et vraiment cette authenticité chez eux est formidable, et tout aussi ce sens du rythme. Ce qui me surprend dans leur spectacles, c´est qu´ils arrivent, même dans le cadre de cette authenticité, à donner une production hautement professionnelle, en ce qui concerne le groupe de chant ainsi que le groupe de la danse, et je pense que les responsables de ces ensembles roms ont un rôle très important, que ce sont souvent des âmes de ces groupes, et je pense qu´aussi en ce qui concerne Mr. Akimov et son épouse, Mme Akimova, vraiment ils donnent tout, c´est leur vie, et cela ne concerne pas qu´eux deux, mais aussi les autres dirigeants de groupes roms. Vraiment, il ne s´agit pas uniquement que des répétitions, mais souvent ils partagent avec les autres membres du groupe tout ce qui est bon ou mauvais, donc c´est un partage dans le cadre de leur vie privée, c´est vraiment un grand sacrifice, un soin continu, toute leur énergie qu´ils donnent, et leur volonté, donc vraiment, c´est un travail formidable.
22:28
Cigán
Martin Šulík, réalisateur
J´ai fait connaissance avec Helena et Ivan Akimov par l´intermédiaire de Paľo Pekarčík quand nous avons commencé à tourner le film Cigan. Il m´a dit qu´Ivan et Helena sont des personnes qui connaissent toutes les communautés roms dans les environs de Kežmarok, parce qu´ils montent avec ces enfants un programme de danses. Ce qui est intéressent, c´est que cet Ivan et Helena nous ont ensuite tout simplement mis en contact avec tous ces Roms dans la région, et nous ont beaucoup aidé lors de la distribution des rôles et du casting. Ce qui est remarquable, c´est qu´Ivan fait tout ça avec un soutient minimal, ils ont beaucoup de mal à trouver des sponsors, même des sponsors parmi des institutions culturelles nationales, ils sponsorisent dans une grande part tout tout seuls et c´est basé sur leur activité.
23:23
Bien sûr, ensuite quand nous avons tourné le film, j´ai compris qu´il faut que Ivan y joue, et dans une scène Ivan apparaît comme acteur, il y joue un musicien ambulant dans un train, mais en même temps il a fait la chorégraphie de toutes les scènes dans lesquelles le groupe joue, donc nous l´avons ensuite incorporé dans dans ce film. Je pense que si quelque chose doit changer, disons dans les bidonvilles roms, il nous faut beaucoup de gens comme Ivan et Helena, parce qu´ils ne sont pas des observateurs d´extérieur, ils connaissent cette problématique d´intérieur, et ils savent que cela ne peut pas se faire, que ces changements ne peuvent pas se faire par des tableaux excel, que cela ne peut pas se faire par des projets écrits, ce changement doit venir par l´exemple personnel, il faut que ces enfants voient des diverses façons de vivre différentes, et qu´ils y voient aussi une perspective pour eux. De ce point de vue par exemple, sont très intéressants les voyages du groupe à l´étranger, quand tout à coup ils étaient confrontés avec une tout autre expérience et réalité sociale.
24:59
Ivan Akimov
Nous sommes au Sherpa Rallye, ce qui veut dire une course de porteurs de montagne. Cette course a lieu tous les ans, c´est une compétition amicale, mais sans concessions, des porteurs, donc des gars qui portent sur leur dos des provisions dans des différents refuges de montagne des Tatras. De temps en temps temps il y a des extras, je sais qu´il y a eu une compétition dans les Basses Tatras, je crois qu´une même en Itallie, mais le gros est ici, dans les Tatras, parce que ici c´est le berceau, la terre promise des porteurs, le seul endroit au monde où l´on fait du portage à dos d´homme et où on le fait par amour de la montagne. J´ai eu la chance d´avoir exercé ce métier pendant quelques années aux refuges de Zbojnícka chata et Téryho chata, et en 85, quand ont commencé les compétitions, quand c´était la première année, c´est là que moi, je finissais. Donc je n´ai jamais participé à la course, mais je viens en tant qu´observateur, ou co-participant, comme maintenant, sur l´invitation de Viktor Beranek, le gardien du Refuge des Rysy, en tant qu´organisateur de la composante culturelle.
26:00
Aujourd’hui´hui le temps n´est vraiment pas de la partie, il pleut. Nous sommes ici avec un groupe qui est en grande partie composé de tout nouveaux, ce sont des novices, qui en sont à leur première sortie avec Kesaj, donc tout est nouveau pour eux. Ce ne sera pas un spectacle dans le vrais sens du mot, pas du tout, on va juste chanter quelques chansons pour l´ambiance, pour aider les porteurs à bien démarrer, et ensuite nous essaierons de redescendre en bas, sans être complètement trempés.
26:30
L´essence même de la vie des Kesaj, ce sont les voyages, les tournées. Nous avons derrière nous, je les ai comptés, plus de cent tournées à l´étranger, plus de mille spectacles, dont deux tiers, sinon plus, à l´étranger. Il y a plus de possibilités là bas, nous y avons des contacts que nous avons construits depuis tout ce temps. C´est vrai, que plus d´une fois c´était plus facile pour nous d´aller à l´autre bout du monde, à la mer, au bord de l´océan, que de jouer ici, derrière les fagots. Mais bien sûr, nous aimons bien nous produire aussi en Slovaquie. Notre spécificité, ce sont les colonies bidonvilles et les villages roms. Nous nous sommes énormément produits, surtout dans nos débuts, dans les colonies bidonvilles. Ici, dans les Tatras, au Sherpa Rallye, nous sommes déjà pour la deuxième fois. La première fois, c´était en 2014, et je m´en souviens très bien, parce que cette année la, c´était à la même période, en octobre, oui, la course a eu lieu en octobre, et quelques jours après nous sommes partis à Paris, nous produire à l´Olympia. C´était les 28 et 29 octobre. Donc nous étions ici une semaine ou deux avant de partir, et cela reste aussi un beau souvenir.
27:55
Ľubo Oračko, ancien membre de Kesaj Tchave
Je travaille comme coiffeur, et une fois je me suis dit, j´arrête, alors j´ai écrit à tonton Ivan que c´est fini, que je le remercie pour tout, que j´arrête. Mais après, quand j´ai vu sur les photos du groupe qu´il y a des nouveaux membres tout jeunes, qu´ils ont besoin d´aide, alors je suis revenu, et je suis là jusque maintenant. Après toutes ces années je suis reconnaissant à Ivan que j´ai pu arriver à quelque chose. Helena et Ivan nous apprennent à vivre normalement, à aller, comme on dit, plus loin. Tante Helena et tonton Ivan sont des gens formidables, ils veulent que ces enfants sachent qu´eux aussi sont des êtres humains, qu´il ne faut pas nous jeter tous dans le même sac. Tante Helena nous apprend comment parler, comment vivre. Moi aussi, je dis que j´ai réussi à quitter le bidonville, je vis maintenant en ville, j´ai mon appartement et j´arrive à faire quelque chose pour les autres, pour qu´ils puissent arriver quelque part ailleurs.
29:20
Ivan Akimov
Après deux années de travail assidu en Slovaquie, il était évident qu´il faut aller plus loin, mais nous ne savions pas comment. Et tout à fait par hasard, je ne vais pas le détailler maintenant, à l´autre bout du monde, dans cette petite ville de Tomblaine, s´est trouvé un homme qui nous a invité à son festival. Il ne nous connaissait pas, il n´avait pas la moindre raison pour nous inviter, et il nous a invité. Nous sommes venus, nous avons vu, et nous avons vaincu, comme on dit. Parce que cela fait maintenant plus de vingt ans que que nous allons tous les ans de par le vaste monde, des fois même cinq ou six fois par an, et à chaque fois il y a des gens de bonne volonté qui mettent la main à l´ouvrage, pas au portefeuille, non, nous ne demandons rien, nous venons, nous donnons, les gens prennent, et ils nous prennent aussi.
30:15
Les spectacles ne sont pas toujours faciles, parfois nous avons à faire avec des personnes qui sont dans une phase de vie difficile, on pourrait même dire qu´ils sont au bout de leur chemin, et ce n´est pas facile. Au début j´avais des appréhensions lorsque nous allions dans ce genre d´endroits, comment vont réagir les nôtres, parce-que même pour moi ce n´était pas évident. Je me souviens, la première fois que nous étions dans un tel établissement les enfants ont commencé a pleurer. Ils ont eu de la peine, ils ont pleuré, mais ils sont allé vers ces gens. Pareil qu´aujourd’hui. Lorsque nous sommes arrivés ici je n´ai pas donné de directives, je n´ai pas dit que maintenant il faut sourire ou aller là ou là. Et tout seuls, de leur propre initiative, les deux plus petits sont allés vers les petits vieux et ils leurs ont serré la main. C´était quelque chose de vrai, sincère, je ne l´ai pas ordonné, et les pensionnaires retraités étaient complètement pris par l´émotion… il s´est vraiment passé quelque chose.
31:05
Je ne veux pas dire que maintenant nous avons tout derrière nous, mais les plus grands succès, entre guillemets, nous les avons eus. Nous avons fait l´Olympia, le Zénith, et je ne sais quoi encore, et maintenant je pense que nous allons vers l´essentiel, et l´essentiel, c´est ce que nous avons fait cet après midi dans cette maison de retraite, ou quand nous allons dans une école vers les enfants, vers les tout petits, et partageons ce bonheur que nous avons de faire ce que nous faisons, et de pouvoir le faire comme nous le faisons.
31:44
Johann Le Berre
33:41
Helena
Nous étions vraiment heureux, les enfants tout comme nous, mais…. comment dire, nous savions que derrière tout cela il y a quelque chose de plus, de plus que si nous étions uniquement à l´école, ou quelque part ailleurs, tout simplement ailleurs... Et on savait que pour que les enfants et les jeunes soient heureux, pour que nous soyons tous heureux, pour que nous puissions vivre ensemble ce bonheur, bien sûr, il fallait que tout le monde donne le maximum de soi, les enfants tout comme nous, et tous ceux qui ont travaillé avec nous.
34:28
Eh oui, nous étions heureux lorsque nous avons réussi à arriver quelque part, mais nous savions que quand nous reviendrons de cet endroit, alors nous reviendrons de nouveau là, d´où nous sommes partis…
34:35
Ce film a été réalisé avec le soutien financier
du Fond pour le soutien de la culture des minorités nationales
avec la partitipation de :
Ivan Akimov, Helena Akimová, Marcela Čonková, Dominik Mirga, Anna Polhošová, Pavol Pekarčík, Stela Polhošová, Stela Polhošová jr., Hervé Féron, Johann Le Berre, Tomáš Mirga, Adriana Daneková, Martin Šulík, Ľubomír Oračko et d´autres membres du groupe Kesaj Tchave
un remerciement spécial à :
CCFD – Terre solidaire, Miroslav Gulyas, YEPCE – Youth´s European Project for Cultural Exchanges, Scarpa Liptovský Mikuláš
scénario :
Jozef Banyák, Ivan Akimov
dramaturgie pour RTVS :
Vlasta Ruppeltová
son :
Milan Gál
musique :
Otto Banyák
direction d´état major RTVS :
Katarína Vízdalová
production RTVS :
Tibor Horváth
direction de la dramaturgie RTVS :
Ondrej Starinský
caméra et régie :
Jozef Banyák
réalisé par :
RTVS, Radio et télévision slovaque
et
l´association Okno
2023
https://www.youtube.com/watch?v=6f5YX1fGi3M