L´après bac
Après le bac, l´euphorie du bac. Le grisement du succès, l´ivresse de la victoire… Huit des lauréats se sont inscrits en fac. La plupart en Sociologie, à Levoca, succursale de l´Université Catholique de Ružomberok. Tous ceux de Krížová Ves, plus David. Stefan est au Conservatoire de Košice, pareil pour Rasťo, mais lui, il n´a pas tenu le coup et a lâché en cours d´année. Vladko et Tomáš ont été aussi aux examens d´entrée, mais n´étaient pas au niveau, on leur a proposé de postuler l´année suivante. Klaudia a été admise à la Fac d´Économie de Bratislava, elle a suivi le projet de préparation aux examens, donc cela n´a pas posé de problème, mais elle a abandonnée peu après, pour des raisons de santé, mais aussi parce que le tout pris dans l´ensemble, les cours, les transports, les finances… été trop compliqué à assumer…
Deux ans après, les rangs des étudiants se sont clairsemés. Les filles devenaient des jeunes mamans, David a préféré travailler en tant qu´assistant d´assistant social à Rakusy, au lieu de poursuivre la fac a Levoča. Pareil pour Tomas, Vladko, Rasto… la pression du milieu familial pour aller travailler, gagner de l´argent était trop forte, et a pris le dessus sur les études. Mais au moins le bac leur sert à avoir une position meilleure que ceux qui ne l´ont pas, donc c´est un atout appréciable, et aussi apprécié, ou plutôt remarqué par les autres, ceux qui ne l´ont pas, donc une bonne preuve du bien fondé et de l´utilité des études. Manuela est devenue préposée de la Poste à Veľká Lomnica, Simona travaille a l´Agence d´Emploi de Kežmarok, Martina et Erik postulent à un poste d´assistant social à Strane pod Tatrami. Donc dans l´ensemble, le bac a eu des retombées plutôt positives pour l´ensemble des bacheliers. Peťo et Stefan restent toujours en course, espérons qu´ils tiendront jusqu´au bout…
Actuellement, les cours sont dispensés a l´École élémentaire Galktická 9 de Košice. L´école qui est a l´origine de ce projet, ou tout a commencé. Mais le lycée et le college qui ont fonctioné durant plus de dix ans en paralléle de cette école, ont du fermer il y a deux ans, pour cause de manque d´effectifs. En effet, les familles de la "classe moyenne" rom, ceux, qui avaient un projet de vie, une conception de leur avenir et de celui de leurs enfants, ont migrées en masse en Angleterre, Belgique et Irlande. La grosse majorité des éleves du lycée s´est de ce fait retrouvée en exil. Bien que, suivant les aléas de la vie, ces familles viennent et reviennent, et les jeunes voudraient bien reprendre les cours au lycée, on ne peut pas adapter ce systeme d´allées et venues au systéme scolaire. Ce qui est compréhensible, mais en meme temps regrettable, car le systéme ne prend en aucune facon en compte l´acquis, notamment linguistique de ces éleves transfrontaliers.
Autre constat surprenant. Du fait de la conjoncture tres favorable du point de vue de l´économie au niveau national, depuis peu de temps il y a une pénurie sévére de main d´oeuvre sur le marché du tarvail en Slovaquie. Les grosses entreprises internationales, qui ont délocalisées sous les Tatras, manquent cruellement de bras... On fait appel aux Serbes, Roumains, meme aux Vietnamiens... et aussi aux Roms. Ce qui fait que meme les habitants des bodonvilles se voient embauchés a tour de bras. Souvent pour etre licenciés dans les semaines qui suivent, mais ca permet de gagner un peu de sous aux Roms, et de toucher des grosses aides a l´emploi aux employeurs... Cette pratique est tellement répendue, que le fait qu´il y ai des intérets particuliers derriere, ne fait aucun doute. Mais dans l´ensemble cela un effet plutôt positif. Enfin, cette population, longtemps en dehors des circuits du travail, a accés au marché de l´emploi, et de ce fait, accés aux ressources financieres qui lui permettent de s´autoélever a sa maniere. Il va sans dire, que les conditions de travail sont souvent difficiles, pénibles, le travail a la chaine est de rigueur, mais c´est mieux que rien. Hélas, un effet pervers accompagne cet eldorado de l´emploi, et c´est le fait que, tous les jeunes, sous la pression de leurs parents, font le choix d´un profit immédiat, ils partent travailler dans n´importe quelles conditions, au lieu de poursuivre des études, avec un projet a long terme. Nous constatons que pratiquement la totale majorité des garcons de notre entourage suit cette voie. Alors que plus d´un, aurait été capable de poursuivre des études supérieures, et etre par la suite un véritable apport pour la communauté et pour la société. Mais, face aux arguments financiers a effet immédiat, il n´y a en aucun autre qui fasse le poids...
Aux dernieres nouvelles, les jeunes mamans, Zuzka, Simona et Lenka continuent la fac de Levoča, tout en poussant les landaux, les scripts et les bébés dans les bras...