Antennes CCFD
vendredi 14 août, 23:28, Saint Evrard
Les jeunes de Kesaj Tchavé de passage
Publié le 14/08/2015 à 07:47
Culture
Kesaj Tchavé a mis l'ambiance devant l'espace Vie et Foi, avec des chansons en langue romani./ Photo A. G.
Kesaj Tchavé, un groupe de 29 jeunes, accompagnés par Ivan et Helena Akimov, a fait un arrêt à Lourdes à l'invitation de CCFD Terre solidaire. Les jeunes artistes roms en ont profité pour improviser un spectacle.
Une reprise de «Hallelujah», de Leonard Cohen, entonnée par une trentaine de jeunes dans les Sanctuaires. Un spectacle improvisé qui a surpris les pèlerins et les touristes passant par là, s'arrêtant pour apprécier et faire quelques photos. Entre Perpignan et la Bretagne, les jeunes de Kesaj Tchavé ont tenu à faire une halte à Lourdes, à l'invitation du CCFD Terre solidaire de la ville. Cette troupe de chant et de danse réunit une trentaine de jeunes artistes roms de Slovaquie. Kesaj Tchavé se traduit par «les enfants de la fée», en français. «C'est un conte de fée, dont la morale est que si l'on veut recevoir de l'amour, il faut d'abord savoir en donner», explique Ivan Akimov, le créateur de ce projet parascolaire, né il y a une quinzaine d'années en Slovaquie. Avec sa femme Helena, ce musicien à l'énergie débordante a créé un établissement accueillant les enfants roms vivant dans des bidonvilles pour les faire revenir dans le cursus scolaire. Il a décidé d'aider ces jeunes, car «je souhaite qu'ils soient moins déracinés».
Tout en développant leur culture musicale. «Pour eux, c'est un ciment, une motivation. ça sert à faire passer des messages éducatifs. D'autant plus que la culture rom est un patrimoine fort, qui se vit au quotidien, spontanément. Musicalement, j'apprécie», remarque Ivan Akimov. Depuis 2008, le projet a été étendu à la France. Et, sur cette tournée estivale en Europe, «sans un sou», quelques jeunes Français se sont joints à la troupe.
Le chiffre : 29
jeunes >Roms. Originaires de France et de Slovaquie, tous chanteurs et danseurs à la fois.
En visite sur les pas de Bernadette
Les jeunes de Késaj Tchavé, à peine sortis du bus qui les conduit en tournée, ont profité d'une visite de Lourdes avec une sœur de Nevers. Pour elle, «le destin de cette fille modeste peut leur parler». Puis, ils se sont changés, arborant foulards fleuris et ROBES colorées à volants pour un spectacle improvisé à quelques pas des Sanctuaires, près de l'espace Vie et Foi, créant un attroupement de passants venus les écouter. Avant de visiter la Grotte, où certains ont même déposé quelques cierges.
AccueilArchivesInformations pratiquesLa Randonnée Terre Solidaire
La fête au Pouzin vue par la presse !
Par CCFD - Terre Solidaire Rhône-Alpes le jeudi 30 juillet 2015, 11:54 - Le Pouzin - Confluence - Lien permanent
Sur le concert de Kesaj Tchavé vendredi soir :
Le Pouzin
Nous ne sommes pas restés longtemps à Gironville, au troisième jour nous avons repris la route en direction de Valence, où nous étions attendus à Le Pouzin, par l´antenne locale du Ccfd, qui organisait une soirée randonnée Ccfd, à la quelle nous étions conviés. Marie-France Garaud nous a contacté il y a bien longtemps de cela, en début d´année, et bien que cela nous faisait faire pas mal de route, c´est une occasion que je ne voulais pas manquer, car cela nous permettrait de rencontrer des bénévoles et partager avec eux un bon moment. Le spectacle était comme à l´accoutumée, très bien reçu, nos amis ne ménageaient pas leurs applaudissements, et nous avons pu trouver encore un moment pour débattre d´une manière informelle sur notre façon de faire, de fonctionner, j´ai pu répondre aux questions du public pendant que les jeunes se changeaient. Nous avons convenu d´organiser l´hébergement avec l´accueil chez les habitants, et les bénévoles se sont répartis nos jeunes après le concert, pour les amener chez eux. C´était une première expérience pour pas mal des nôtres, qui n´ont encore jamais quitté leur familles, et aussi une aventure toute nouvelle pour nos hôtes, qui n´ont encore jamais eu l´occasion d´acceuillir toute une tribu tsigane chez eux. J´avoue, que j´ai toujours une petite appréhension dans ces cas-là, je crains un incident, une sottise, qui pourrait tout remettre tout en question et ternir la bonne image que nous essayons de donner partout où nous passons. Mais, il en fut décidé ainsi, tous nos jeunes ont disparus dans les voitures qui les amenaient dans la nuit, et il ne me restait plus qu´à attendre le matin pour voir si tout allait bien. En même temps j´étais plutôt confiant, ce n´était pas la première fois que nous étions logés de la sorte, mais c´était la première fois que nous étions chez des bénévoles du Ccfd, nos partenaires, et cela aurait été dommage de gâcher cela. Avec ma femme je me suis retrouvé chez Marie-France, j´ai préféré amener avec moi aussi les 4 plus jeunes, pour être plus tranquille, et nous avons pu passer une agréable soirée à bavarder et présenter de plus prés notre action. Le lendemain, le moment de vérité – les retrouvailles. Ouf, pas de pots cassés, ni de vases renversés... Tout c´est très bien passé, tout le monde était enthousiaste de la nouvelle expérience et des découvertes mutuelles faites des deux côtés. Nous nous sommes quittés comme si nous avions passés ensemble une semaine et non seulement une demi-journée.
Les expériences de partages et d´échanges avec les gens qui s´engagent auprès des autres, sont toujours très intéressantes. Nous savons que trop bien, comme le bénévolat peut être parfois ingrat, et qu´il n´y a pas forcément de retour positif tous les jours que Dieu a fait... C´est pourquoi, à chaque fois que c´est possible, nous allons au-devant de ce genre de public, pour apporter du réconfort, de la joie, de la dynamique et de l´espoir que tout n´est pas vain, que l´engagement pour son prochain, c´est ce qu´il y a de plus beau en ce bas monde...
Lourdes
aout 2011
Après Auch, direction Bayonne, plus précisément Boucau, qui nous a concocté une étape au Capbreton. Dès que j’ai eu Michel Molina, d’une associations de Voyageurs de Boucau, au téléphone pour mettre au point notre passage, j’ai compris que c’était un grand enthousiaste. Tout était ok. Même le cachet. On nous donnerait encore plus, on le mérite. C’était trop beau pour être vrai, mais j’étais trop heureux d’avoir enfin un partenaire miraculeux pour me poser des questions, et de toute façon je n’avais pas le choix. Tout était convenu plus d’un mois à l’avance. Le seul problème, c’était le gars de la sono qui n’était pas disponible le jour prévu pour notre concert. Nous devions nous produire sur une super scène de la Scène Nationale. Je n’y prêtais pas attention, on finirait bien par trouver quelqu’un pour la table de mixage, au pire, on fera sans sono. La veille du départ Michel m’apprend que l’étape chez eux est supprimé parce qu’ils n’ont trouvé personne pour nous sonoriser. Je n’en reviens pas. Pour nous cela équivaut à du terrorisme. On est mutilé sans aucune raison ni possibilité de se défendre. Trois jours à meubler au pied levé avec plus de trente gosses. Je l’implore de nous prendre quand même, même sans le spectacle, au moins qu’ils nous fournissent un hébergement et de la nourriture, nous ferons des concerts gratuits, on jouera sur des terrains, pour des écoles, peu importe, l’essentiel est qu’on ait où se poser trois jours. Michel promet de faire son possible, et malgré la déconvenue qui vient d’arriver, je le crois, sentant au bout du fil le brave gars qu’il est. En catastrophe nous cherchons quand même d’autres alternatives, mais vu l’urgence, il n’y a pas beaucoup d’espoir de trouver une solution. Finalement le groupe Rodinka se propose pour nous héberger chez eux, à Carcassonne, mais Molina nous appelle pour nous dire que la municipalité de Boucau nous propose une prise en charge hébergement restauration dans un super centre de vacances EDF à Capbreton, juste en face de l’océan… Bon, Lourdes est sur notre chemin, c’est le moment où jamais d’aller allumer un cierge.
En effet Lourdes est pratiquement sur le tracé de notre route, tous sont croyants, certains même pratiquants fervants, du moins c’est ce que je déduis en les voyant faire le signe de croix chaque fois que nous passons devant une église ou un crucifix. Alors je demande à Julie du CCFD de me passer un contact sur Lourdes qui m’expliquerait comment ça se passe là bas, car vu que nous y passerons le lundi de Pâques, je crains une affluence record, et j’aimerais avoir quelqu’un sur place qui m’aiderait à m’y orienter. En même temps cela pourrait être une occasion de rencontres, d’échanges, nous pourrions par exemple chanter dans une église, etc. Le garçon que j’ai au bout du fil me propose d’abord des ateliers découvertes pour les enfants moyennant 4 eu par personne, j’essaie de lui expliquer gentiment notre propos. 4 euro par personne, c´est une fortune pour nous... Je dois rappeler plus tard. Finalement on se met d’accord pour passer au centre dans le courant de l’après-midi. En arrivant à Lourdes un orage éclate pile lorsque nous voulons nous garer. On a un peu de mal à trouver l’adresse, nous passons par la gare des bus où une tribu de Roms roumains campe à même le bitume mouillé. Le temps que j’aille chercher le centre, nos gars font connaissance avec eux, une vielle mamie nous demande comment marche la manche en Slovaquie et voudrait rentrer avec nous. A vrai dire nous n’avons pas la force d’intervenir et de leur chanter au moins une chanson comme nous l’aurions fait une autre fois. Nous sommes crevés, il pleut, tout le monde a faim, on n’a pas de provisions et on ne sait pas trop ce qui va se passer. Nous arrivons au centre, Luisette nous reçoit gentiment, nous invite à monter dans la petite salle qui a juste assez de sièges pour nous accueillir. Il n’y a qu’elle, donc pas de rencontres, ce n’est pas grave, je lui demande de bien vouloir expliquer brièvement a nos jeunes ce qu’est Lourdes, pourquoi les gens y viennent du monde entier. Elle se met à nous conter l’histoire de Bernadette, la petite gamine pauvre, sans chaussures, vivant dans une cabane… Je traduis, Luisette continue, en décrivant de manière simple, ce qui a amené Bernadette jusqu’à la fameuse grotte où elle a eue ses visions. Au fur et à mesure que nous entrons dans le récit, je m’aperçoit que tout ce qui est censé d’être décrit comme faisant partie d’un autre monde, la misère de la famille de Bernadette, son extrême dénuement, la maladie de son père, etc., fait partie du monde ordinaire de ces gosses qui écoutent un peu leur propre histoire. Eux non plus n’ont pas de chaussures, ou alors juste une ou deux paires pour toute la famille, n’ont pas à manger, habitent dans des huttes sans lumière ni chauffage… J’en fais part à Luisette qui continue son récit et arrive au moment des apparitions. Là pareil, rien de surprenant, au contraire, le surnaturel étant tellement présent dans leur imaginaire, que la question que Luisette pose dans tout son honnêteté sur les apparitions ne se pose même pas pour eux. Bien sûr que la petite a vue la Vierge. Il ne peut pas en être autrement. Les miracles existent. Sinon ils ne seraient pas là… Il est temps de s’en aller. Nous proposons de chanter une chanson pour remercier Luisette. Lors de toutes les tournées nous avons toujours une chanson différente, qui est un peu le tube du moment, que les gosses chantent spontanément à toute occasion. Et celle de la tournée en cours, comme par hasard, raconte exactement la même histoire, celle d’une gamine de misère, dont la mère est malade et sait qu’elle va mourir… Que dire. Même moi j’ai eu des larmes aux yeux lorsqu’ils l’ont chanté. Suit la visite de la grotte, plein de petites bouteilles d’eau bénite, les cierges à l’église. Pendant ce temps je réussi mon petit miracle à moi, à savoir trouver le lundi de Pâques une épicerie ouverte et apporter de quoi faire des sandwichs le temps que tout le monde rentre de l’église. Nous pouvons mettre le cap sur Capbreton.
Guerches sur l´Aubois
11.5.2019
Salle des Fetes
Toulouse, Toulon
Une nuit de route et nous descendons à notre prochaine étape – le Couvent des Petites sœurs de Marie au Château de Castelnau d'Estrètefonds dans les hauteurs de Toulouse. Décidément, les châteaux, une fois qu'on y a pris goût, on ne plus s'en passer… En effet, l'endroit est hors commun. Une tranquillité paradisiaque, personne à l'horizon, juste quelques bonnes sœurs vaquant à leurs occupations, que l'on aperçoit telles des petites schtroumpfettes (dixit Johann) au détour des dédales du magnifique parc qui entoure le couvent. Jeannine Le Merer s'est très bien débrouillée, on ne pouvait espérer mieux en terme d'hébergement. Nous sommes tout seuls, dans les intendances du château, sur deux étages, les filles avec nous en bas, et les garçons en haut. Bien sûr cela donne des idées aux gars, qui voudraient rendre une visite de politesse aux filles, mais l'heure n'est pas aux mondanités, une fois minuit passé chacun doit rester dans ses quartiers. Comme on pouvait s'y attendre, ce n'est pas l'heure tardive qui va décourager nos jeunots, ils tentent le coup malgré le couvre feu décrété. J'ai encore l'ouïe fine, la chambre des filles juxtapose la nôtre, les parquets sont d'origine, je n'ai aucun mal à déceler les craquements du plancher d'à côté, ils doivent être au moins quatre, alors j'envoie Helena régler leur compte. En même temps je pars en reconnaissance par la fenêtre, nous sommes au rez-de-chaussé, pour ne laisser échapper personne. Les gars, entendant les grincements de la porte de notre chambre se sont enfuis dans le couloir, pour tomber directement dans mes bras à la sortie. Il fait noir, nous sommes dans un château, j'ai les contours d'un parfait fantôme, le résultat est plus que probant, les apprentis damoiseaux s'étalent terrorisés par terre les uns à travers les autres, avec des cris de frayeur et d'épouvante, pour se réfugier de nouveau dans la chambre des filles pour se faire intercepter par Helena. Par miracle, la grosse statue de la Vierge Marie qui trône en plein milieu du couloir n'a pas bronché, et n'a pas finie en morceaux, il ne manquerait plus que ça… Je n'ai qu'à cueillir nos explorateurs insomniaques, quelques gifles paternelles pas trop méchantes mais bien envoyées servent d'argument pédagogique et tout le monde est enfin au lit. Il serait temps, il n'est pas loin des trois heures du matin et la journée a été longue. Ainsi que la nuit, puisque nous avons roulé pratiquement non stop du soir au matin pour faire la liaison Guerches – Toulouse. A peine arrivés, juste le temps de s'installer, nous sommes repartis en direction de la Salle des Fêtes de l'Union, où nous étions attendus pour le repas de midi par une délégation des bénévoles du Ccfd aux petits soins pour nous. Le spectacle du soir était prévu à 20h30, ce qui nous laisse largement le temps de faire ample connaissance et passer en revue tous les détails de notre aventure avec nos hôtes, qui sont avides d'apprendre de première source comment fonctionne notre groupe. Suit le repas du soir, le spectacle, et de nouveau retour au couvent sur le coup de minuit. Cet emploi de temps était le schéma de nos journées à venir. Départs en fin de mâtinée, retour après minuit. Un emploi de temps bien rempli avec des rencontres, des découvertes, des échanges mutuels. Tout le long de notre séjour des bénévoles du Ccfd nous accompagnaient à chaque pas et veillaient à ce que tout se passe bien. Chaque journée avait son programme particulier, avec de nouveaux partenaires. Nous avons pu ainsi découvrir une école mobile pour les Gens de voyage à Tournefeuilles, aux Arènes Romaines nous avons fait connaissance avec l'association de quartier Rencont'Roms nous, des roms roumains très actifs sur leur quartier et sur leur camp de la Flambère. On se comprenait très bien, leur dialecte était semblable au nôtre, et aussi leur façon de faire correspondait à nos pratiques. Nous avons partagé avec eux une après-midi festive avec des groupes locaux, des africains, des cambogiens, des roumains, tout ça dans une très bonne ambiance de partage et de découverte. Une petite échappée salvatrice au MacDo du coin pour changer du quotidien des sandwichs qui constituaient notre menu journalier. Le soir les spectacles rencontraient un franc succès, les organisateurs ont fait un excellent travail de communication, les salles étaient pleines.
Le point culminant du séjour à Toulouse était la Journée du Vivre Ensemble en Paix, organisée par la Mairie et l'association Aisa, dans la Salle Ernest Renan, avec des responsables des communautés soufie, juive, védique et catholique, des membres du Collectif Solidarité Roms de Toulouse, et les Médecins du Monde. Cela se passait au quartier des Trois Cocus, au bord d'une cité très sensible de la ville. Pas plus tard que la semaine dernière un fait divers tragique s'est produit ici, un adolescent s'est fait poignarder dans l'enceinte même de l'école pour une histoire de règlements de comptes entre bandes rivales. Notre intervention dans l'établissement n'a été avalisée qu'à la dernière minute. Un parterre de gamins de 8 à 10 ans nous attendait devant le préau de l'école, sagement assis par terre, presque tous d'origine africaine, pour nous cela évoquait des images de documentaires de géographie, nous n'avons pas l'habitude d'une telle homogénéité ethnique, sauf si l'on se réfère aux roms dans notre région. Le spectacle est improvisé en fonction du lieu et du contexte social, nous n'omettons pas la partie de la participation du public, tout le monde danse, c'est un peu bordélique comme d'habitude, mais manifestement ce moment de décompression et de décontraction collective fait du bien à tous. Avant le spectacle du soir suit une grosse pause de repos qui n'est pas du tout du repos… Et pour cause. Nous sommes dans un quartier ultra sensible. Lorsque je vais une rue plus loin, sur la place centrale de la cité, le seul endroit en peu civilisé en termes de service public, il n'y a plus de commerces, juste un bureau de tabac et une poste, le décor fait penser à un mauvais thriller des banlieues grandeur nature. Des gamins d'une dizaine d'année à tous les coins de rue à faire le guet pour leurs grands frères, un trafic à la lumière du grand jour, une réalité d'épouvante… Incroyable, comment cela peut-il exister dans un état de droit, en Europe?! Le temps de faire la queue devant le seul distributeur de billets me parait une éternité, j'ai l'impression d'être téléporté dans une autre galaxie, dans un autre univers. Je retire des billets du compte de Roman, il vient de recevoir ses allocations, pour ensuite les faire parvenir au pays par l'intermédiaire de mon fils à la famille de Roman, qui comme d'habitude n'a pas un sou pour manger. Un certain parallèle entre l'endroit où je me trouve et les bidonvilles de chez nous est évident, heureusement, le trafic en moins. De retour à la salle des fêtes je constate tout de suite qu'il manque quelques filles à l'appel. Maria, bien sûr. J'ai donné des consignes très strictes, personne ne doit s'éloigner d'un mètre sans mon autorisation, d'ailleurs, nous avons même garé notre bus dans un autre quartier, car sur son pare-brise il y a une grosse inscription "Club de Police" (il fait la navette pour la police chez nous) et nous voulions éviter des vitres cassées… Une des femmes de ménage de la salle me dit qu'elle les a vue partir en direction de la cité. Je fonce. Il n'y a pas une minute à perdre. Nous sommes en plein ramadan, les filles sont en mini-jupes, décolleté provocateur, ce n'est pas l'accoutrement idéal pour faire du tourisme de quartier. Heureusement, je n'ai pas à aller loin, je les aperçois à l'entrée du premier immeuble avec un gars qui leurs propose gentiment sa camelote. Je siffle un bon coup et sans palabres je les ramène dare-dare au bercail. Explications sévères devant tout le groupe et en face-à-face avec les gamines. Cela aurait pu tourner très mal. Interdiction de bouger, tout le monde assigné à résidence, pas un pas sans mon autorisation. Maria est en pleine crise d'adolescence, dès qu'une occasion se présente, elle ne la rate surtout pas pour nous provoquer, pour attirer notre attention. Cela se comprend, elle a perdu son père toute petite, elle a dix frères et sœurs, mais personne pour prendre soin d'elle, alors elle compense le manque d'affection comme elle peut. Nous avons bien connu son père, Vlado, il était à nos côtés dès nos débuts, c'était quelqu'un de très bien, une personnalité du bidonville. Alors nous n'allons pas laisser tomber sa fille comme ça. On endure et on surveille. Le soir finit par venir, la salle se remplit, un public composé surtout de musulmans, regroupés dans l'association locale. La Mairie soutient l'action, il y a aussi les élus, d'autres associations de quartier sont représentées. Au départ l'atmosphère nous parait un peu tendue, les gens sont distants, tout le monde est encore sous le coup de l'assassinat du jeune d'il n'y a pas longtemps. Tout change après notre passage sur scène. Après le spectacle suit un repas en commun, des spécialités maghrébines, servies à volonté, avec le sourire, dans une ambiance détendue et fraternelle. Paraît-il qu'il n'était pas évident au départ d'avaliser notre participation à cet événement. Mais par la suite c'était tout le contraire, l'association musulmane a même décidée de nous envoyer une partie de la recette de la soirée en soutien de notre action.
Nous quittons Toulouse et les Petites Sœurs schtroupfettes en fin de matinée, la pluie nous empêche de faire une petite visite touristique de la ville que nous n'avons même pas eu le temps de voir, ce sera pour une autre fois. Pareil pour Lourdes, qui étaient prévues au départ, nous nous rendons compte qu'il est impossible physiquement de faire l'aller-retour dans l'après-midi que nous avions pour rejoindre Toulon. Le couvent a été un véritable havre de paix pour nous durant notre séjour, les sœurs ont veillées sur nous et les bénévoles du Ccfd ont fait le reste. Nous sommes parés pour la prochaine étape, qui, au niveau de l'hébergement, est une véritable épreuve. Nous avons réservé huit chambres dans un hôtel Formule 1 dans les environs de Toulon, car cela aura été trop compliqué d'organiser notre logement avec les moyens du bord sur place. C'est simple, l'hôtel est en chantier. Total. Heureusement encore que les chambres sont intactes, mais tout le reste est sans dessus dessous. Du plâtre partout, des fils électriques à tous les étages, le patron et quelques ouvriers polonais s'affairant au milieu de ce cataclysme du bâtiment. On a pas le choix, on fait avec. Avant de se coucher nous avons le spectacle dans la salle de l'Hélice, une petite salle associative, remplie tant bien que mal. L'étape de Toulon était organisée un peu à la sauvette, manifestement des difficultés se sont présentées à différents niveaux, les organisateurs ont d'autant plus de mérite d'avoir persévéré pour nous accueillir.