Saint Eloy
Saint-Eloy, une petite ville minière, qui nous a convié pour un spectacle et nous a fait l´honneur de participer à l´innauguration de leur Kiosque à Musique, datant d´un siècle, mais remis à neuf récemment. On nous a prévenu, la Maire, qui allait nous recevoir en personne, était un drôle de personnage. Caractérielle. Il y avait du vrai. Nous étions sur place un peu avant 15 h, le soleil était à son comble, chaque place à l´ombre valait de l´or. On attend sagement que tout le monde vienne, les anciens mineurs, les élus, les élèves, et nous assistons à l´innauguration. Toujours par 40°. Même les discours les plus courts deviennent interminables par cette chaleur, mais nous endurons. Les retraités des mines sont des sympathiques papys, souvent d´origine polonaise, on arrive à baraguiner quelques mots ensemble. Nous intervenons aussi, avec quelques mots pour nos compatriotes tchécoslovaques qui ont eux aussi, constitué le gros des forces ouvrières des mines françaises d´antan. Une ou deux chansons, et nous nous refugions dans le Musée de Mines qui est juste à côté. Mme le Maire nous invite à boire le vin d´honneur, je refuse poliment, elle insiste, je rétroque que nous avons des enfants et des mineurs parmi nous, elle dit que ce n´est pas grave, la mairie a préparé du vin, alors tout le monde va boire, les jeunes aussi, ça ne peut pas leur faire de mal..! Bien sûr, je refuse, cette fois-ci fermement, et je commence à comprendre que le personnage tienne de sa réputation. A part ça sympathique, mais un fort caractère. Les papys nous entraînent dans le musée pour une visite guidée. Le commentaire, avec tous les détails techniques, dépasse largement nos possibilités et disponibilités intellectuelles et physiques, je traduis à ma façon, j´invente des histoires farfelues pour amuser la galerie, je sens que si ça se prolonge, il y en aura qui vont commencer à tomber comme des mouches. Heureusement, le papy ancien mineur qui nous sert de guide est compréhensif, et on s´évacue à l´air libre. Mme le Maire remet ça, du vin pour tout le monde. Là, je ne prends plus de gants, tant pis pour l´incident diplomatique, je me rue sur le buffet et je sers moi-même les boissons non alcoolisées aux jeunes. La situation est tendue, mais le principal est que le soleil a baissé d´intensité et que l´on puisse se désaltérer. Que faire maintenant. On a encore deux heures à poirauter avant le dinner, et après il y aura encore le spectacle. Nos prestations sont très dynamiques, nous avons besoin de recharger nos réserves d´énergie pour tenir jusqu´ à la fin. Là, manifestement il n´y a pas comment, ni où. On déambule comme des zombies dans un parc sans arbres, il n´y a même pas un ballon pour taper dedans, les grands fument, les petits les regardent avec envie. Vient l´heure du dinner, tout le conseil municipal est là, la Maire n´insiste plus pour le picrate, somme toute elle est sympathique, le tout est de lui tenir tête. Les élus doivent apprécier… Le soir, le spectacle se passe dans l´amphithéâtre, juste à côté d´un étang, bien sûr, ca ne rate pas, les jeunes profitent que je sois pris par les balances du son pour faire trempette. Descente musclée de ma part, il n´est pas question que de pareilles sorties nautiques s´improvisent sans ma présence. On continue à régler les micros. Comme on pouvait s´y attendre, Jakub tombe dans les pommes. Mme la Maire est là, elle n´en mène pas large, elle voit maintenant où ménent les excès de protocole par temps de canicule. Les Urgences, déjà sur place, prennent soin de lui, une déshydratation banale, vu la météo, rien de plus normal. Il reste dans les vestiaires, emmitouflé dans des couvertures, sous la surveillance de nos accompagnatrices, dont une est infirmière, ça tombe bien. Nous rentrons vers minuit, on restera encore trois heures dehors, à surveiller et sécuriser Jakub, qui revient que peu à peu à lui. Une journée bien remplie. Et la nuit de même.