Aout

Les journées et semaines se suivent et se ressemblent, pas de changement notable a l´horizon. Les trous dans sa cabane que Roman a colmaté avec du ciment laissent de nouveau passer les rats, la nuit dernière il y en avait cinq, de quoi donner des insomnies... Roman vient quand même à la répétition, après que je l'ai ramené avec sa marmaille de Spišský Štiavnik, de chez ses beaux-parents, auxquels il est allé demander de l'aide. Ils devaient recevoir une allocation pour leur fils handicapé, mais il n'en a rien été et Roman est reparti bredouille. Ses enfants n'ont rien mangé depuis deux jours, la famille ne veut rien leur donner, personne n'est solidaire, alors on lui achète du lait en poudre pour bébés pour les plus petits. On lui arrange des petits boulots pour le chenil dont s'occupe la compagne de notre fils. Ce n'est pas grand-chose, mais toujours mieux que rien. De temps en temps on envoie quatre gars de la colonie donner un coup de main sur place. Dont Roman, ça lui fait de quoi acheter de la nourriture pour deux jours... Matej fait aussi partie de l´équipe, mais il n'arrête pas de se plaindre, veut qu´on lui achète des cigarettes, n´est pas content du cachet. Alors la prochaine fois on va le laisser à la maison. Ca serait bête que toute l´éuipe perde cette occasion à cause de lui. Matej est dans le groupe depuis ses quatre ans et il en a plus de vingt maintenant. Nous avons énormément aidé sa famille, très pauvre à l'époque, et dont les dix enfants fréquentaient Kesaj. Jeune adulte, il va et vient. Il se comporte bien, participe aux répétitions, puis les démons reviennent de nouveau, il a du mal à supporter que l´on aide Roman, qui a quatre enfants, et que lui, on ne l'aide pas. Il invente toutes sortes de prétextes pour demander de l´argent, soi-disant qu ́il n ́a pas de chaussures, a besoin de médicaments, etc. Il ne prend pas du tout en compte qu ́on les a aidé pendant des années quand il était petit, il se morfond dans sa frustration et ne vient plus. Après il revient de nouveau, on dirait qu´il a enfin compris de quoi il est question au groupe, on en a discuté plus d'une fois, expliqué tout en détail, mais de nouveau, après un certain temps cela recommence, il ne peut pas contenir sa convoitise, sa jalousie, il est comme tout le monde au bidonville... Et puis ca repart une fois de plus, comme si rien n´était, "c´est quand la prochaine répete ? ..."
 
 
Tout le début d'août il faisait un temps détestable, la pluie n'arrêtait pas, provoquait de nombreuses inondations, il n'était pas question de sorties dans la nature, et encore moins à la montagne, et nous ne pouvions pas mettre à profit le cadeau que nous a fait le directeur de la marque de chaussures de sport Scarpa, en nous offrant une dizaine de paires de chaussures de montagne de première qualité. Enfin, une éclaircie est arrivée et nous avons pu partir dans les Tatras. Ce n´était pas chose aisée, car pour les randonnées en montagne il faut partir très tôt, le mieux vers cinq heures du matin, ce qui n´est pas sans poser de sérieux problèmes pour les jeunes de la colonie, où la vie nocturne hyper bruyante bat son plein jusqu'à des heures très tardives, et avec la meilleure volonté du monde il est impossible de se coucher tôt. Nuisances sonores est un terme inconnu ici, tant il est appliqué à la lettre chaque nuit. Ce qui fait qu´au premier essai, il n´y avait personne au départ, je suis parti en rando tout seul, ce qui n´est pas pour me déplaire, un peu de retraite solitaire fait le plus grand bien, mais ce n´est pas le but du jeu... Je n'avais même pas besoin de faire la morale aux jeunes, ils étaient penauds et n'osaient pas me demander s´il y aurait une deuxième chance. Alors, quand je les ai fait essayer les nouvelles chaussuŕes en répétition, en dansant, pour voir si elles ne leur faisait pas mal, ils étaient impatients de partir le lendemain, et cette fois-ci personne ne manquait à l´appel au petit matin.
8.8.2023
Au départ, le ciel était sombre, noir, prêt à se transformer en déversoir à orages, et n'engendrait  pas de l'enthousiasme pour s´engager dans les hauteurs. Mais la météo était sans équivoque, les gros nuages du matin devaient faire place par la suite aux éclaircies et la pluie ne devrait pas être au rdv. Nous étions sept sur le sentier, mais après une heure de marche il était évident que Franko, de forte corpulence, n'arrivait pas à suivre, et il était hors de question qu´il poursuive la randonnée avec nous. Nous avons décidé de le laisser au premier refuge, que nous étions en train d'atteindre. Pour qu´il ne reste pas tout seul Samko l´accompagnerait. Je suis toujours surpris pas la maturité dont font preuve les jeunes des colonies en pareilles circonstances, sans inutiles tergiversations ils choisissent la meilleure solution, rationnelle, qui s´impose d´elle meme. Il en fut de même cette fois-ci, nous laissons Samko et Franko attablés au refuge de Zamkovského chata, et maintenant d'un pas vif nous nous engageons sur le sentier pour faire les env. mille mètres de dénivellation qui nous attendent pour arriver à notre destination. Le temps est de la partie, la météo n´a pas menti, on galope alégrement la haut. Les jeunes sont en bonne forme, même si de temps en temps ils soufflent un peu et s'assoient dès que possible, sans discuter ils repartent aussitôt. Moi, grace a mes footings journaliers, j´arrive a donner le tempo et dans un très bon temps nous sommes au deuxième refuge, la Téryho chata, ou j´ai travaillé comme sherpa dans ma jeunesse. A l'époque, jeune marié, toujours pressé de rentrer au plus vite à la maison, je montais les charges de 80 kg presque au pas de course, à la même vitesse que maintenant... Nous marquons une pause ravitaillement, Helena nous a préparé un sacré panier à base de gigot a l´ail et côtelettes, tout est parti instantanément. On peut repartir. On monte encore un peu dans les hauteurs, histoire de faire essayer aux jeunes les chaînes qui pendent aux parois devenues plus escarpées. Au fur et à mesure qu´on monte la température descend, et même en plein été la neige pourrait apparaître. Heureusement il n'en est rien aujourd´hui, mais la réserve de bonnets et gants d'hiver que j'ai pris avec moi est tombée à point. Et bien sûr, les coupes-vent que nous a offert notre nouveau sponsor ont été plus que de circonstance. Quelques photos, une série de claquettes de haute montagne, et on redescend, cette fois-ci sans s'arrêter, pour rejoindre au plus vite Franko et Samko. Heureusement, nous les retrouvons comme nous les avons laissé au premier refuge, et nous pouvons descendre tous vers la voiture. Se garer au pied des montagnes relève de la mission impossible, je suis content de ne pas avoir de PV sur mon pare-brise. Sur le trajet a la colonie il y en a qui somnolent déjà, mais à la descente de la voiture ils demandent, bien sur, a quand la prochaine randonnée ?! 
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Lors de la fête des 90 ans du refuge Chata pod Rysmi, nous avons rencontré Michal. Lorsque j´ai dit qu´il nous manque des chaussures de montagne pour partir en randonnée, le lendemain il nous a envoyé 10 paires de chaussures de marque et 5 coupe-vents. Nous avons essayé d´abord les chaussures en répétition, et on peut y aller ! La première sortie était au refuge de Téryho chata. Le temps était de la partie, il ne faisait ni trop chaud ni trop froid. Il n'a pas plu et il n'a pas neigé. Nous sommes partis au petit matin, alors il n´y avait pas trop de monde sur le sentier, juste quelques chamois. Une super sortie ! Merci à Michal et à son entreprise !
Pri oslavách 90-ého výročia Chaty pod Rysmi sme stretli Michala. Keď som povedal že nám chýba športová obuv na to aby sme mohli podniknúť túry do hôr, tak na druhý deň sme mali 10 párov prvotriednych vibrám, a ešte 5 vetroviek. Topánky sa najprv vyskúšali na skúške - a mohli sme mohli vyštartovať ! Najprv to bola Malá Studená Dolina, Téryho chata. Počasie nám prialo, nebolo horúco a ani zima, nesnežilo a ani nepršalo. Vyrazili sme skoro ráno, tak ani veľa ľudí nebolo, len zopár kamzíkov. Krásny výlet a veľká vďaka Michalovi a jeho firme !
11.8.2023
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Maintenant, que nous avons grâce à Michal des chaussures de montagne de super qualité, on peut partir en randonnée dès que l'envie nous en prend et que le temps le permet. Ce n'est pas l´envie qui manque et le temps est enfin au top, alors direction le Paradis Slovaque, le canyon de Suchá Belá. Il y a encore quelques jours le canyon était fermé, le niveau d´eau était beaucoup trop haut a cause des pluies diluviennes, mais, comme elle venue, elle est repartie, l´eau était de nouveau à son niveau habituel et nous avons pu remonter Suchá Belá en toute tranquillité. Lors de la descente par les bois les ours n'avaient aucune chance, même une petite équipe de Kesaj a de quoi faire assez de boucan pour faire comprendre aux nounours que ce n´est pas leur jour de sortie...
Teraz, keď už sme vďaka Michalovi patrične vybavení čo sa týka obuvi do hôr, môžeme ísť do hôr kedy sa nám len zachce, pokiaľ nám to počasie umožní. Nám sa chce stále, a počasie sa konečne umúdrilo, tak sa ide do Slovenského raja, na Suchú Belú. Ešte pred pár dňami boli rokliny uzavreté,  hladina vody bola priveľmi vysoká kvôli nadmerným dažďom, ale našťastie, tak ako prišla, tak i odišla, voda sa pominula a mohli sme si vychutnať Súchú Belú v plnej paráde. Cestou naspäť, keď sa ide cez les, medvede nemali najmenšiu šancu, aj malá skupina Kesaj disponuje dostatočným zvukovým fondom aby macovia pochopili že dnes nie je ich vychádzkový deň...
19 aout 20203
Après les deux rando euphoriques des deux dernières semaines, nous avons dû marquer une petite pause. D´une part, il faisait vraiment trop chaud, la canicule battait de nouveau son plein, les Tatras, envahies par les touristes, polonais en majorité,  étaient néanmoins pleines à craquer, et il nous manquait encore quelques pointures de chaussures de montagne pour pouvoir faire sortir les petits, aussi bien que les grands. 
Le magasin de sport Šport Rysy vient de nous offrir encore une dizaine de chaussures, il n´y a pas de petites pointures, mais ce n´est pas grave, on va en acheter trois paires à petit prix, et on pourra repartir dans les hauteurs. 
En attendant quelques répétitions. Pas trop, pour cause de canicule. Il fait vraiment trop chaud pour faire des claquettes ou des pas de deux à la tsigane, il vaut mieux faire trempette au ruisseau Studený potok, qui passe par le village et qui porte très bien son nom - le Ruisseau froid. Descendant des montagnes toutes proches, il est vraiment glacé même en été, au plus grand bonheur des gosses, qui ne s´en privent pas. Donc ce sont des répétitions à moindres effectifs, mais pas moins dynamiques pour cela, on travaille les détails, la cohésion, l ́ intonation, le tempo, tout ce qu'on ne peut pas ciseler lorsque la salle est pleine, alors on ne s'en prive pas, on répète, et répète encore...
21 august 2023
La météo annonce une petite journée sans trop d´extemes, ni trop chaude ni froide, alors on y va, direction les Tatras ! Ce sont les petits qui sont à l´origine de cette initiative, depuis qu´on a reçu les chaussures de sport ils n'arrêtent pas de demander quand-est-ce qu´on va partir en randonnée. Pour leur première sortie en montagne il faut choisir un terrain adapté à leurs capacités physiques, si on se référait aux capacités mentales, on irait sur l'Everest. Alors ce sera juste une petite balade sur les cascades du Studený potok, en partant de Hrebienok. D ́autant plus que dans l ́équipe figurent Zdenko, 7 ans, de forte corpulence, à qui on vient juste d ́enlever le plâtre de son bras cassé, et aussi Simonka, qui a une malformation à la hanche de naissance, et à chaque pas elle doit traîner sa jambe droite. Tout le monde est chaussé première classe grâce aux généreux sponsors des magasins de sport, nous avons acheté encore trois paires de chaussettes à bas prix pour les plus petits, et on est prêts au départ. 
A sept heures battantes tous étaient au rdv à Veľká Lomnica, impatients d´affronter la Cordillère des Andes slovaque, les Tatras. Dès les premiers pas on se rend compte que monter n´est pas pareil que marcher sur du plat, mais les plus aguerris entraînent ceux qui sont à la traîne, et dans un petit tempo de croisière touristique nous longeons le Studený potok (Le Ruisseau froid) avec ses cascades. Vu l'heure matinale, il n´y a pas grand monde sur le sentier, nous sommes tranquilles, et nous marquons une première pause ravitaillement à la cabane Rainer. Un petit en-cas, et ça repart. Finalement, on décide de monter jusqu´au refuge de Zamkovského chata. 
Nous prenons le sentier des sherpas, inconnu des touristes, qui passe par une magnifique forêt, qui nous offre ses gourmandises, les myrtilles et les framboises ne demandent qu'à être ramassées, et elles le sont instantanément à notre passage. Nous atteignons ainsi sans trop de mal le refuge Zamkovského chata. De nouveau une pause restauration et boisson, nous avons tout ce qu´il faut avec nous, il n´y a aucun problème pour faire écouler les provisions. L'équipe a déjà près de 4 km dans les jambes, les grandes filles se verraient bien arrêter là, mais ce serait dommage qu´elles ne voient pas les hauts sommets, alors nous poursuivons encore un peu en montant dans la vallée, jusqu ́à ce qu ́un panorama digne des Hymalayas s´offre à nous. 
Cette ultime montée, bien que les réserves des forces déjà sérieusement entamées, se fait sans trop de mal grâce aux fréquentes haltes pour cueillir et savourer sur place les fruits des bois qui poussent à même le sentier. En descendant, rebelote, on s'arrête de nouveau au refuge pour se ravitailler, la montagne, ça vous gagne, mais ça vous creuse tout aussi irrésistiblement, les côtelettes préparées par Helena ont un succès indéniable, et elles partent instantanément. Ne reste plus qu'à descendre au point de départ, en tirant un peu la langue, mais avec le sourire et sans récalcitrances. 
La rando aura fait dans les 8 km, avec pas mal de dénivellation, exploit tout à fait honorable pour ces alpinistes en herbe pour lesquels c´était leur baptême montagnard. Un peu éreintés ils descendent de la voiture à Veľká Lomnica, en demandant quand est-ce la prochaine rando et il-y-aura-t-il une répétition demain... 
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Malá výprava, veľké hory ! Prvá túra tých najmenších bola primeraná ich fyzickej kondícii, len taká menšia prechádzka do doliny. Keby sme sa orientovali podľa ich psychickej kondície, tak by sme išli na Evrest, ale to bude inokedy. Studenovodské vodopády boli prvou odmenou za ranné kilometre, šmýkačka na Zamke bola zase druhou prémiou. A tou najväčšou odmenou bol výhľad na Térynku a najmä čučoriedky a maliny pri chodníku. Ale bola to len taká mini ochutnávka, vieme že v Tanape sa to nesmie, tak sme všetko nechali domácim medveďom, samozrejme okrem fašírok tety Heleny, na ktoré zase macovia nemali nárok. Dokopy niečo vyše 8 km, nejaké to prevýšenie k tomu, žiadne reptanie, dobrá nálada a pohoda, slušný výkon na prvý tatranský výlet. 
Ďakujeme Mišovi zo Scarpie a Peťovi zo Športu Rysy za športovú obuv.

 

26.8.2023

Dni obce Bystrany

Les Journées de la municipalité de Bystrany

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 Nous avons eu la chance de nous produire sur les scènes les plus diverses dans de nombreux pays de l'Europe. Nous avons à notre actif plus de mille productions, dont la majeure partie a eu lieu à l´étranger. De tous ces concerts nous gardons les meilleurs souvenirs. Mais comme on dit, chez soi, c'est chez soi, et nous l'avons ressenti surtout samedi dernier, lorsque nous étions en spectacle aux Journées de la municipalité de Bystrany. Un public acquis, attentionné et généreux, l'organisation au top, de la goulash à volonté, bref, nous étions comme chez nous ! Merci pour l'invitation, et nos meilleurs vœux aux habitants de Bystrany, ainsi qu´a l´équipe municipale. 

Les captures d'écrans sont du document que prépare Dodo Banyak sur nous, et que nous attendons impatiemment. 
Všade dobre, doma najlepšie ! Osud nám nadelil nespočetné množstvo vystúpení na rôznych scénach krajín Európy. Väčšina z vyše tisícky koncertov ktoré máme za sebou sa udiala v zahraničí. Zovšadiaľ máme len tie najlepšie spomienky, ale ako sa hovorí, všade dobre, doma najlepšie, a to platilo najmä v minulú sobotu, keď sme boli vystupovať na Dňoch obce v Bystranoch. Veľmi milé, vnímavé a žičlivé publikum, perfektná organizácia celého podujatia, gulášu a kapustnice do popukania, proste, cítili sme sa ako doma !  Ďakujeme za pozvanie a obyvateľom Bystran, ako i vedeniu obce prajeme všetko najlepšie. 
Zábery sú stiahnuté z vidéo dokumentu ktorý pripravuje Dodo Banyak a na ktorý sa nesmierne tešíme.
La rentrée des classes approchant, nous avons participé à l'achat d'un paquet de vêtements pour Roman. En effet, Roman, qui a déjà 4 enfants, va devoir amener l'aînée de ses filles à la maternelle, et il lui faudra bien l'habiller autrement qu´en haillons dans les quelles ses enfants ont passé l'été. Heureusement, ce lot provient d'un bazar, et il ne coûte pas grand-chose. Mais cela suffit à attiser des ragots et des jalousies qui vont de pair, pourquoi on donne à Roman, et à ceux de Lomnica, et pas aux autres, ceux de Rakusy. Car bien entendu, tout est instantanément démultiplié, et se développe un espèce de jeu malsain, à savoir qui va en rajouter plus, des enchères spontanés prennent forme, et tout le monde y va de son couplet, il y a ceux qui disent qu ́ils reçoivent de l ́argent, et ils en rajoutent comme quoi on les paie des sommes faramineuses, ils disent ca uniquement pour rendre furieux les autres, alors qu´ils ne reçoivent strictement rien, mais ca suffit amplement pour que les autres deviennent effectivement fous furieux instantanément, la sauce a pris, la moutarde est montée, il n'y a plus rien a faire, uniquement attendre que ca passe... 
Roman, lui, il ne dit rien. Roman, de toute façon, on ne le paye pas, puisque on ne paie personne, nous y compris. Mais comme Roman est père de 4 enfants en bas âge, il n'a aucun revenu, ils habitent dans un taudis et n´ont rien à manger, on essaie de l'aider un peu, en lui donnant 15 eu lorsqu´il vient jouer lors de nos répétitions. Cela ne résout pas sa situation catastrophique, mais ça suffit pour que naissent toutes sortes de légendes fantasmagoriques. Ce n´est rien de nouveau, depuis toujours cette relation sociale spécifique aux bidonvilles fait rage, cela s´enflamme comme un rien, puis ça se calme, et puis, après un certain temps, repart de nouveau. Il en fut de même cette fois-ci, nous n´y portons même pas attention, on a déjà vécu la chose tellement de fois... Mais le résultat est, que la veille de partir en spectacle à Bystrany, ce qui est un événement important pour nous, nous n ́avons pas beaucoup de spectacles en ce temps, et de plus, il s'agit de se produire dans un environnement essentiellement rom, donc on veut se montrer au mieux de notre forme, nous recevons des sms provenant de la part de nos deux meilleurs danseurs, Vladko, et Ezel, nous annoncant qu´ils ne pourront pas venir demain avec nous, parce qu ́ils doivent aller travailler. Ce n'est pas sympa, leur absence risque de nous mettre en difficulté, du moins c'est ce que espèrent nos deux lascars. Bien sûr, ce n'est pas vrai, ils n'ont aucun travail, mais ils veulent nous mettre devant le fait accompli, soit on les paie, soit ils ne viennent pas. Cette volonté de nuire est d'autant plus affligeante que pas plus tard que la semaine dernière nous avons amené Vladko avec nous en excursion dans la montagne, tout se passe bien, nos rapports étaient au mieux. Ezel joue un rôle déterminant cette fois-ci. C'est un ancien, il est déjà adulte, il est revenu il n'y a pas longtemps. Il nous a donné un coup de main pour apprendre les claquettes aux jeunes, mais nous ne sommes pas en mesure de le rémunérer, il le sait très bien, nous lui avons dit. Heureusement, il n'est absolument pas dans une situation aussi déplorable que Roman. Au contraire, lui il travaille, il a une place stable dans une équipe d'ouvriers forestiers, et il s´en sort pas trop mal. Mais, néanmoins, il a appris que nous avons aidé Roman, et pas lui, et il n'arrive pas à digérer la chose. Alors il montre cette fronde vicieuse, dans laquelle il entraîne aussi Vladko, qui se laisse entraîner sans poser la moindre résistance. Bien qu´on ait l'habitude de ce genre de surprises, cela nous surprend quand même, et pas agréablement, on peut même dire qu´on est sérieusement en pétard. On se donne tout ce mal, ce spectacle est important pour nous, et cette défection à la dernière minute, uniquement dans le but de nous faire mal... ça fait mal quand même. Donc nous ne savons absolument pas quels seront les effectifs demain, avec qui on va partir relever ce défi qui nous attend à Bystrany. Se produire devant des Roms de souche n'est pas sans risque, il faut être au top, le moindre faux pas ne se pardonne pas dans ce milieu. C'est d'autant plus rageant que nous avons beaucoup travaillé, nous avons investi du temps dans les répétitions pour être au top, et Vladko en a bénéficié tout comme les autres. Et maintenant il ébruite des balivernes, comme quoi il a bossé comme un malade, il a trimé, et ca na servi à rien, puisqu'il n'est pas payé...!  Vladko est dans le groupe depuis au moins 5 ans, il n'a jamais payé quoi que ce soit, pas de cotisation, rien, il a participé à plusieurs tournées internationales, a vécu des moments formidables, alors bien sûr, cela nous afflige de le voir se comporter de la sorte. Il est tombé dans le piège d´Ezel. Mais Vladko va quand même déjà sur ses 17 ans, de ce genre de problèmes nous avons parlé maintes fois, à vrai dire, il n'y a pas grand chose pour l'excuser. Heureusement, les autres ne se sont pas laissés entraîner dans cette scabreuse aventure, et le lendemain matin je ramène en voiture un floppée de 8 jeunes, même ceux que les rebelles ont voulu empêcher de venir, sont au rdv, ne prêtant aucune attention à leurs menaces.
Ezel, Marek, Vladko
Marek, celui qu'on appelle Gendarme, comme son père qui purge la perpétuité, ne vient pas non plus. Plus ou moins pour des raisons toutes aussi farfelues que les autres, sans savoir précisément lesquelles. Pareil, tout un investissement de notre part, que sa mère, Marcela, que l´on connait tres bien d´ailleurs, ne prend pas en compte, ou plus plutôt elle n´est pas en mesure de le prendre en compte, de s´en rendre compte... Bien sur c´est regrettable pour le gamin, qui a plutôt sérieusement besoin d´un encadrement sériux, comme le nôtre...